Didier Vors

27 nov. 2017

Belgique : les complaintes du plat pays

Mis à jour : 28 juil. 2022

Nombreux sont les artistes natifs « d’Outre Quiévrain » ou étrangers à avoir chanté la Belgique. En voici une petite sélection subjective.

Le premier d’entre eux, à tout seigneur tout honneur, est entré depuis longtemps au Panthéon de la chanson d’expression française. Il s’agit bien sûr du bruxellois Jacques Brel. « Le plat pays » au titre évocateur constitue l’un de ses textes les plus emblématiques, celui qui en quelques lignes résume les beautés cachées et l’originalité de sa terre natale.

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
 
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
 
Et de vagues rochers que les marées dépassent
 
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse
 
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
 
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
 
Où des diables en pierre décrochent les nuages
 
Avec le fil des jours pour unique voyage Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu
 
Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité
 
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu
 
Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner
 
Avec le vent du nord qui vient s’écarteler
 
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
 
Le plat pays qui est le mien

Bien qu’étant lui même d’origine flamande, le chanteur semblait entretenir des rapports ambivalents avec l’autre communauté linguistique. Ainsi, toujours dans la chanson « Le plat  Pays », il effleure  le biculturalisme de la Belgique « avec Frida la blonde quand elle devient Margot ».

Ou encore avec « Marieke » dont  il célèbre la Flandres « de Bruges à Gand », chantant même pour la seule et unique fois de sa carrière dans cette langue.

Zonder liefde warme liefde
 
Waait de wind de stomme wind
 
Zonder liefde warme liefde
 
Weent de zee de grijze zee
 
Zonder liefde warme liefde
 
Lijdt het licht het donk´re licht
 
En schuurt het zand over mijn land
 
Mijn platte land mijn Vlaanderland

Jacques Brel n’oublie pas ses racines bruxelloises évoquées dans « Les Bonbons ». « Mais plus personne n’a cet accent là sauf Jacques Brel à la télévision ».

Mais aussi dans : “Bruxelles” :

C´était au temps où Bruxelles rêvait
 
C´était au temps du cinéma muet
 
C´était au temps où Bruxelles chantait
 
C´était au temps où Bruxelles bruxelait
 
Place de Broukère on voyait des vitrines
 
Avec des hommes des femmes en crinoline
 
Place de Broukère on voyait l´omnibus
 
Avec des femmes des messieurs en gibus

Encore un autre hommage à Bruxelles rendu par le voisin hollandais Dick Annegard dans la chanson éponyme « Bruxelles » :

Autre géant de la chanson française, Léo Ferré magnifie comme personne « Comme à Ostende » dans ce titre éponyme et désespéré.

J’suis parti vers ma destinée
 
Mais voilà qu’une odeur de bière
 
De frites et de moules marinières
 
M’attire dans un estaminet
 
Là y avait des types qui buvaient
 
Des rigolos des tout rougeauds
 
Qui s’esclaffaient, qui parlaient haut
 
Et la bière on vous la servait
 
Bien avant qu’on en redemande
 
Oui ça pleuvait, oui ça pleuvait
 
Comme à Ostende et comm’ partout
 
Quand sur la ville tombe la pluie
 
Et qu’on s’demande si c’est utile
 
Et puis surtout si ça vaut l’coup
 
Si ça vaut l’coup d’vivre sa vie

La Mer du Nord ayant décidément inspiré les plus grands Alain Souchon dans un registre plus léger chante avec « Le Baiser » lui aussi ce littoral flamand.

La mer du Nord en hiver
 
Sortait ses éléphants gris vert
 
Des Adamo passaient bien couverts
 
Donnant à la plage son caractère
 
Naïf et sincère
 
Le vent de Belgique
 
Transportait de la musique
 
Des flonflons à la française
 
Des fancy-fair à la fraise
 
Oh le grand air
 
Tournez le vent la dune à l´envers
 
Tournez le ciel et tournez la terre
 
Tournez tournez le grand air
 
La Belgique locale
 
Envoyait son ambiance musicale
 
De flonflons à la française
 
De fancy-fair à la fraise