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  • Didier Vors

Brassens un peu d'Italie

Dossier spécial Centenaire de la naissance de Georges Brassens 3/3

Monument de la chanson française, né il y a un siècle à Sète sur les rives de la Méditerranée, Georges Brassens a baigné grâce à sa mère Elvira Dagrosa, qu'il appelait "l'Italienne", dans la culture des immigrés italiens du port héraultais.


Vue de Marisco Nuovo, le village de ses grands parents maternels, dans la région de la Basilicate.
Vue de Marisco Nuovo, le village de ses grands parents maternels, dans la région de la Basilicate.

Si sa naissance à Cette (l'orthographe de la ville en 1921) est de notoriété publique, ce que l’on sait moins, c’est que l’artiste possédait des ascendants italiens du côté de sa mère Elvira. Un point commun qu’il partage avec l’un de ses successeurs, Francis Cabrel, un autre « grand » de la chanson française actuelle, dont les deux parents étaient aussi originaires du « Bel Paese ».


Pour Brassens, cela est tout sauf un hasard, quand l’on connait l’importance et l’ancienneté de l’immigration italienne dans la région. Des patrons de pêche aux jouteurs, en passant par les artistes, pour ne citer que les plus visibles, nombreux sont les Sétois d’origine transalpine. Il suffit d’arpenter les deux cimetières de Sète : le fameux « cimetière marin » et celui du « Py », au bord de l’étang de Thau, pour s’en convaincre : les patronyme à consonance italienne y sont légion.



Brassens : un pò d’Italia…

Pour autant, les origines maternelles transparaissent peu dans l’œuvre du poète, rétif comme on le sait à tout esprit cocardier. Mais en cherchant plus attentivement, on peut trouver çà et là quelques influences du sud de la péninsule comme dans « Le Gorille » au rythme clairement napolitain.


Curieusement, c’est dans la chanson « Tant qu'il y a des Pyrénées » que le chanteur évoque brièvement l’Italie et l’un de ses sinistres représentants : « Frapper le gros Mussolini, même avec un macaroni, le romain qui jouait à ça se voyait privé de pizza ». Le tout dans un texte assez politique, sorte de diatribe contre toutes les dictatures, chose assez rare semble-il, chez notre homme.



On trouve aussi une mention plus explicite de la péninsule dans la chanson « Entre l’Espagne et l’Italie » : « Le géographe était pris de folie, quand il imagina de tendre, tout juste entre l'Espagne et l'Italie, ma carte du Tendre. »


Mais c’est le titre « À mon frère revenant d’Italie » d'après un poème d'Alfred de Musset qui paraît le plus évocateur : « Tu t'es bercé sur ce flot pur où Naples enchâsse dans l'azur sa mosaïque Oreiller des lazzaroni où sont nés le macaroni et la musique ».



Paradoxalement c’est dans la langue de Cervantès que Georges Brassens a choisi de chanter, pour la première fois semble-t-il, dans une langue étrangère. On l’écoute, mi amusé, mi surpris – mais somme toute assez admiratif – interpréter « La pata de Juana », « La mala reputaçion », et « El testamento » en espagnol. Des titres repris plus tard par son ami, le chanteur Paco Ibañez.



Brassens en italien

Si Brassens n’a jamais chanté en italien, nombreux sont les italiens ayant chanté… Brassens ! C’est toute une génération de « cantautori » (chanteurs à texte) qui s’est appropriée son œuvre pour la restituer en italien et en italien dialectal (piémontais, milanais, frioulan). Citons parmi les plus connus : les défunts Giuseppe Setaro, grand spécialiste transalpin de Brassens et le très populaire Fabrizio de André, immense figure de la chanson italienne.




 

Pour aller plus loin :

« Brassens et autres fils d’italiens » d’Isabelle Felici aux presses universitaires de la Méditerranée


A lire aussi : Réécrire Brassens ?

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