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  • Geneviève Guihard

Fribourg et alentours : La Suisse de nos amours

Perchée sur ses ergots de rocs, la ville dégringole jusqu’à la rivière Sarine avec la puissance des Préalpes. Écoutons ce qu’en dit Alexandre Dumas :

« Fribourg, tout entier, semble le résultat d’une gageure faite par un architecte fantasque, à la suite d’un repas copieux. C’est la ville la plus bossue que je connaisse : le terrain a été pris tel que Dieu l’avait fait : les hommes ont bâti dessus, voilà tout. »


Il faut dire que son plan urbain fait le grand écart. En haut, à la sortie de la gare, la modernité d’une ville qui a été bombardée par les promoteurs immobiliers dans les années 70 ! Ici, Fribourg échappe aux émerveillements de convenance, mais quelques pas sur son flanc et tout change. On dit que Fribourg est l’une des villes moyenâgeuses les plus étendues d’Europe. Cité catholique par excellence à l’architecture gothique, avec huit monastères encore en activité, ses tours, ses remparts, ses ponts... rappellent qu’elle fut aussi une ville militaire bâtie pour la défense sur un éperon rocheux.


Une histoire religieuse mouvementée

Si les Capucins, les Visitandines, les Ursulines, ont toujours eu droit de cité, ce ne fut pas le cas des Jésuites, exclus dès 1848. L’occasion de rappeler aussi au passage, que ce pays connu pour sa neutralité acquise avec son indépendance en 1815, fut jadis le théâtre de quatre conflits religieux et l’un des plus belliqueux en Europe. Sur la carte, le canton de Fribourg apparaît comme un petit hérisson catholique qui se protège de la réforme religieuse et protestante. Résultat, coincée dans son carcan, la petite cité a loupé le coche de la modernité, contrairement à Bâle, Genève, Zurich, Bern qui se sont industrialisées plus tôt comme les villes européennes.



Un panorama époustoufflant

Fribourg s’enrichira avec le commerce du drap et de ses mercenaires envoyés dans toute l’Europe principalement en France après la bataille de Marignan. On l’appelait alors l’anti chambre de Versailles.

Aujourd’hui, Fribourg poursuit sa route dans un écrin de verdure, de roches, et de béton. Chaque élément semble stimulé par les audaces de l’autre. Ses quinze ponts enjambent allègrement sa gamme chromatique minérale qui répond à sa luxuriance végétale. De la place Georges python près de la fontaine Tinguely sur la Route des Alpes, le panorama est époustouflant. La vieille ville palpite en creux dans son nid de verdure.


Singulière, Fribourg la bilingue (à 70% francophone) réaffirme avec constance ce qu’elle tient pour une vérité absolue : elle aime les bonheurs simples comme sa double crème dont tous les Fribourgeois tartinent abondamment leurs meringues. Une spécialité aussi locale que son vin de Vully, dont les côteaux bien exposés font le plus petit vignoble Suisse ou son Gruyère, qui contrairement au fromage français n’a pas de trous !


Mais la Suisse n’a pas son pareil pour faire tanguer la nef de nos croyances sur les Helvètes, Fribourg cultive cette règle aussi immuable que ses vaches sur ses montagnes lustrées comme des pages de magazine. Prenez son historique funiculaire vert par exemple. La ligne, ouverte en 1899, est unique en Europe. La force motrice est fournie par les eaux usées de la ville, stockées dans un réservoir de 3000 litres. Une odeur particulière flotte dans l’air lorsque le réservoir d’eau est rempli en dessous des wagons. Le conducteur régule la vitesse à l’aide d’une roue dentée sur une crémaillère et annonce « Attention, je tire la chasse », avant de démarrer !



Autre particularité : la rue des épouses fidèles où une arche représente un couple avec cette devise « La rue des épouses fidèles et aussi le coin des maris modèles ». La tradition veut que les jeunes mariés passent sous cette arche afin d’éviter les accidents de parcours du mariage.


Etonnante aussi, sa cathédrale. Au départ simple église de quartier, devenue à la réforme cathédrale en 1924... d’où son statut bancal : trop petite pour une cathédrale, trop grande pour une église. Elle n’en abrite pas moins un orgue splendide et des vitraux Art Nouveau du coloriste français Alfred Manessier. À admirer dans la mise au tombeau en particulier. Et dans l’entrée au plafond.




Côté musées, on ne ratera pas celui de l’enfant prodige Jean Tinguely, dont la fondation expose les œuvres et celles de sa femme Niki de Saint Phalle. Enfin au chapître curiosités, foncez au Musée de la machine à coudre, hébergé en partie dans le hall d’une maison patricienne et où le propriétaire M.Wassmer propose une visite passionnante. On y découvre une foule d’objets aussi insolites que cette historique Singer à double pédales qui fut retirée de la vente car elle « provoquait des comportements inappropriés » et jouissifs de ses utilisatrices !


Ainsi va Fribourg, dont le golf urbain de 18 trous est éclaté, histoire de vous faire arpenter en long en large tout le charme de cette cité.



 

Pour aller plus loin:

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