Ligne de la Dombes : de Lyon à Villars les Dombes
Une vingtaine d’autorails flambant neufs quittent quotidiennement les gares lyonnaises de Perrache et la Part-Dieu pour rejoindre Bourg-en-Bresse dans le département de l’Ain. Pour se faire, ils traversent pour une large part une région connue pour ses nombreux étangs appelée au choix « La Dombes » ou « Les Dombes ». C’est l’une des dernières lignes à avoir connu la modernisation, tant au niveau des infrastructures (doublement de la voie) que du matériel roulant.
1ère partie : « Le temps des étangs »
Il fût un temps pas si éloigné – 4/5 ans tout au plus – où l’on voyageait dans de vieux autorails rouge et bleu visiblement en fin de carrière. Où l’on acheminait les passagers, au gré des circonstances, dans des wagons sans chauffage ou sans lumière, souvent avec retard quand ils ne cumulaient pas tous les avatars. Cette vétusté et cette adversité donnaient pourtant du liant aux voyages et déliait les voyageurs. Le confort et le bien être actuels semblent avoir anihilé toute velléité de contact entre les passagers qui se déplacent dans une indifférence polie.
Loin de toutes ces considérations, notre train a commencé son périple... à peine a-t-on quitté La Part-Dieu que déjà s’annonce feu la gare de Saint-Clair, à la belle façade de briques rouges. Il y a belle lurette que le bâtiment ne connaît plus l’effervescence des départs et des arrivées. Il faut attendre Sathonay, la prochaine station qui voit défiler toute la journée son lots de trains à grande vitesse fonçant sur Paris pour connaître un peu d’agitation. C’est là, après ce tronçon commun avec la grande ligne, que débute véritablement celle de La Dombes.
La Dombes ou les Dombes ?
La halte ferroviaire des Echets (pour employer un terme en vigueur) marque l’entrée en « Dombes ». Le village s’étire le long de la route nationale appelée aussi Route de Strasbourg. Rien de remarquable cependant, si ce n’est d’imposants restaurants de part et d’autre de la route. Car si nombre de petits commerces ont a peu près disparu des villages, vaincus par les grandes surfaces, les restaurants eux se portent plutôt bien... et pour cause : vous pénétrez dans un territoire qui rime avec terroir ! L’un des nombreux fleurons de notre gastronomie hexagonale.
Notre convoi reprend son chemin et marque l’arrêt à Mionnay, nouvelle halte ferroviaire. Si l’endroit est connu pour abriter lui aussi une des grandes tables régionales, il permet aussi aux amateurs de golf de s’adonner à leur passion. Au vu du nombre de terrains, ce sport semble avoir élu domicile dans la région. L’étape suivante nous conduira en Gare de Saint-André-de-Corcy dont l’on pourra admirer la façade de facture classique.
Mais déjà se profile Saint-Marcel-en-Dombes, dernière halte ferroviaire en rase campagne. Le contraste avec la gare précédente est saisissant. C’est une fois dépassé Saint-Marcel que les choses sérieuses commencent !
Dans cette partie de la ligne jusqu’à Villars-les-Dombes, le train passe au plus près des étangs et pénètre au cœur de ce qui fait l’essence de cette région pour nous offrir de remarquables décors. Avec ses vastes étendues d’eaux gelées en hiver, véritables sanctuaires où se réfugient des milliers de canards, l’effervescence printanière des iris sauvages qui composent des mosaïques de jaunes au dessus desquelles volent cigognes ou hérons, la Dombes s’admire en toutes saisons. L’arrivée en gare de Villars les Dombes marque le terme de la première partie de notre voyage.
2ème partie : De la Dombes à la Bresse
Le bourg de Villars-les-Dombes (terme de la première partie de notre voyage) doit en grande partie sa notoriété au fameux parc ornithologique plus connu dans la région comme « Le Parc des oiseaux ». Il constitue une attraction réputée pour ceux que ne rebutent pas des oiseaux en captivité. Cette notoriété dépasse bien entendu largement les limites de la Dombes et figure souvent en bonne place parmi les offres touristiques des voyagistes.
Aussitôt sorti de la gare de Villars, notre attention est attirée par une fusée rouge et blanche et une peinture murale des Dupond et Dupond inspirés de l’album « On a marché sur la lune ». Sans doute un hommage que les occupants de l’ancienne maison du garde barrière, tintinophiles patentés, souhaitaient rendre au célèbre dessinateur Hergé. Cette courte diversion ne nous empêche nullement d’apprécier à nouveau les étangs qui s’offrent à notre regard.
La Galoche un train d’autrefois
Si la gare suivante porte le double nom de Marlieux-Chatillon, c’est bien dans la première nommée que le train marque l’arrêt. Chatillon, distante d‘une dizaine de kilomètres, fait patrie de Saint-Vincent-de-Paul. Avec ses halles et ses maisons anciennes aux magnifiques charpentes en bois, elle mérite assurément une petite visite avec à quelques mètres le Musée du train miniature qui ravira petits et grands.
Retour à Marlieux où, chose étonnante quand dans des temps plus anciens le train constituait le principal moyen de déplacement, le village a compté deux gares de 1879 à 1934. La première desservait précisément Chatillon avec un petit train à voie métrique appelé « La Galoche ». Seule subsiste la ligne de Lyon-Saint-Clair à Bourg-en-Bresse (plus connue sous le nom de ligne de la Dombes) qui nous occupe aujourd’hui. Au cœur d’un réseau de petites randonnées, Marlieux permet d’atteindre le hameau de Beaumont et son église abritant de superbes fresques murales datant du XIV siècle.
La Dombes au tableau
Après Marlieux, notre train s’arrête en gare de Saint-Paul-de-Varax. Outre son église romane du XIème siècle, le village abrite un charmant Musée entièrement dédié à Louis Jourdan, un peintre régional mais de notoriété nationale du début du XXe siècle, qui puisa l’essentiel de son inspiration dans la lumière et les paysages de la Dombes. Une balade pédestre de trois heures permet de retrouver « in situ » sous formes de panneaux les répliques exactes des œuvres présentées dans le Musée.
À quelques encablures du centre bourg, l’ancienne base de loisirs a laissé place au « Domaine de la Dombes » un nouveau concept de camping très tendance axé sur une offre de logements insolites. Outre les désormais classiques cabanes perchées dans les arbres, le lieu innove avec ses « lov nids » ses « flo tentes » et ses cabanes flottantes qui trônent au milieu de l’eau... le tout uniquement accessible en barque ou bateau. Ses concepteurs semblent avoir tiré le meilleur profit de l’environnement dombiste pour des séjours vraiment nature.
Après avoir quitté Saint-Paul-de-Varax, le paysage change peu à peu : les étangs se raréfient pour finalement disparaître complètement. Bien que nul signe distinctif ne le signale, nous avons quitté la Dombes pour la Bresse, une région aux limites géographiques un peu floues.
Les gastronomes, et plus particulièrement les amateurs de fromages, ne manqueront pas de faire une halte à la gare de Servas. Ils goûteront ainsi le fameux Bresse Bleu, un fromage à pâte persillée au lait cru de vache et croûte fleurie assurément le plus crémeux des bleus !
A peine nos papilles remises de leurs émotions que déjà notre train arrive en gare de Bourg, capitale de la Bresse et terme de notre petit périple ferroviaire, mais là c’est une autre histoire qui commence...
Pour aller plus loin :
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