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  • Didier Vors

Ligne SNCF de Bourg-en-Bresse à Saint-Claude : chronique d’une disparition annoncée

Depuis la fin du XIX siècle, autant dire une éternité, ce train circulant sur voie unique relie la capitale de la Bresse à celle du Haut-Jura. Il marque un premier arrêt à flanc de colline en gare de Ceyzériat et prend progressivement un peu d’altitude.



Après avoir marqué un court arrêt en gare de Villeversure et Simandre sur Suran, il franchit un premier pont sur l’Ain à Cize Bolozon et longe la rivière d’Ain pendant quelques kilomètres.


Puis viennent les gares de Brion Montréal la Cluse et Nurieux qui voient aussi s’arrêter les T.G.V : trains à grande vitesse de la ligne Paris-Genève dite du haut Bugey (pour la section comprise entre Bourg en Bresse et Bellegarde). Après avoir passé Bellignat, le train arrive en gare d’Oyonnax, fief de la « plastique vallée ».


Dès lors le paysage devient résolument montagnard, se faufile à travers la falaise et suit longuement le cours de la Bienne au plus près ou en s’en éloignant, en marquant un dernier arrêt à Molinges première commune du Jura, avant son terminus en gare de Saint Claude.


Quel avenir pour la ligne et le territoire ?

Mais les jours de cette belle ligne de montagne semblent comptés. En effet si rien n’est entrepris dans les mois à venir, les trains cesseront définitivement de rouler à la fin de cette année. Elle rejoindrait ainsi la cohorte des lignes disparues du paysage ferroviaire national. La région refuse de casser sa tirelire et la ligne pourrait casser sa pipe… Un comble pour Saint-Claude, sa capitale mondiale.


L’inquiétude est née en novembre dernier quand la région Auvergne Rhône Alpes présentait son plan de sauvetage des petites lignes de T.E.R. (trains express régionaux). La ligne ne figurant pas sur la liste.

Pour l’autorité de tutelle, la baisse de la fréquentation et le coût exorbitant de sa rénovation justifient l’abandon de son exploitation. Autre son de cloche du côté de de l'Association pour la Promotion des Voies Ferrées Jurassiennes (l'A.P.V.F.D.J) pour qui  la responsabilité incombe à son propriétaire : Réseau Ferré de France qui entretient mal les lignes dites « secondaires » et à la S.N.C.F qui propose une offre chimérique.


Toujours selon  l’A.P.V.D.J. « couper cette ligne c’est compromettre l’avenir du territoire ». Il est vrai qu’avec 2 trains par jour (les voyages étant assurés par autocar), l’offre est pour le moins limitée.


Qui a raison, qui a tort dans ce dossier ? Une chose est sûre : cette fermeture ne ferait qu’accentuer la désertification du Haut-Jura, zone de moyenne montagne à l’équilibre fragile. Assurément une mauvaise nouvelle pour le territoire, qui vient s’ajouter aux menaces de restructuration qui pèsent sur l’hôpital de la ville.


Pour notre magazine, chantre du voyage en train, jamais la rubrique « Trains de vies » n’a jamais aussi bien porté son nom. Quelle vie après le train ? Le vrai, celui qui irrigue et unit les territoires. Si la fermeture de la ligne était avérée, elle pourrait, comme c’est souvent le cas, renaître dans le futur sous la forme d’un train à vocation purement touristique, maigre consolation. Cela ne ferait, comme l’écrit Baptiste Roux dans son ouvrage La Poésie du rail, « que rappeler la mort du passé ».



 

Pour aller plus loin : https://fnaut.fr/ (Fédération Nationale des Usagers des Transports)

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