lʼart dʼescargoter
La Crète: un concentré de vies
L’île méditerranéenne de la Crète s’est forgée une place à part entière au sein de l’Humanité grâce à de nombreux particularismes qui, mis bout à bout, forment l’identité de ce petit bout de terre étiré, aussi grand que le département français de la Côte-d’Or.
Sa place centrale au milieu des eaux de la Méditerranée a fait de l’île un carrefour des populations qui se déplaçaient en particulier pour des raisons marchandes et, depuis plus de 100 000 ans, nombreux sont les peuplements qui transitent ou s’installent définitivement en laissant un peu d’eux-mêmes dans l’histoire de l’île. La Crète a vu naître la civilisation minoenne qui, aux yeux de nombreux historiens, est le point de départ du développement intellectuel puis culturel de la région avec l’apparition de l’écriture, un système religieux ritualisé et une pratique artistique démocratisée.
Au fil du temps, les habitants de la Crète ont appris à travailler avec les ressources de la terre, aidés par la situation géographique du territoire, ils bénéficient d’un taux d’ensoleillement exceptionnel qui leur garantit des produits de qualité comme l’huile d’olive, aujourd’hui réputée partout dans le monde. L’élevage des moutons et des chèvres est une des conquêtes majeures du peuple crétois pour sa survie et les troupeaux font toujours partie du paysage actuel.
Qu’en est-il de la Crète contemporaine ?
Le bouillonnement culturel né de cette longue histoire de terre d’accueil et de transit, l’empreinte laissée dans l’histoire par les mythes minoens et les techniques agricoles marquent encore profondément l’identité de l’île, aujourd’hui foulée par cette nouvelle population que sont les touristes. C’est parce qu’elle réunit criques de rêves, gorges, sentiers de randonnées, sites archéologiques et gastronomie saine que la Crète est une destination privilégiée des vacanciers.
Mais, quand on veut bien regarder au-delà de son littoral paradisiaque et s’attarder un peu plus d’une semaine en Crète, on goûte à la vie insulaire : douce et lente, saine et paisible, qui n’a pas son pareil sur le continent.
Ce n’est pas céder à la rêverie que d’évoquer les chauds après-midi d’été où seule la langue grecque, puissante et symbole de fierté, vient percer le silence des ruelles endormies des petits villages perchés de la baie de Ligaria. Aussi, c’est un des endroits où chacun peut se libérer des réflexes de repli sur soi que l’on peut connaître en ville, dans les cités bondées et agitées.
Oui, la Crète reste un endroit où l’on peut laisser tables, jouets, sacs, livres dans le jardin, parfois même sur la plage, à la vue de tous sans craindre de ne pas les retrouver le lendemain. Aussi, et en exagérant un peu, il est intéressant de constater que la terre d’Utopie imaginée par Thomas More au 19ème siècle était une île.
Et, c’est peut-être cela, la vie insulaire : partager un territoire aux frontières dessinées par la mer, bâtir solidairement un avenir et vivre le présent en toute confiance.