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Il peut être fixe comme un grand feu de bois ou mobile sous la forme de procession avec des torches, le Brandon est une fête populaire très répandue dans de nombreuses communes de France au XIXe siècle. Le terme tire son nom de l’ancien français « brande » ou occitan « brandon » : flamme avec le sens « de torche de paille enflammée » cette dernière définition ayant toujours cours aujourd’hui.



Au sens figuré, le mot brandon a fâcheusement évolué pour devenir source de conflit dans les expressions telles que : « jeter les brandons de la discorde » ou encore « cet écrit est un brandon de guerre civile ». Mais il peut bien heureusement, tout au contraire, être source de concorde, comme c’est le cas dans les Pyrénées centrales, où cette fête, liée au solstice d’été connue ailleurs comme les feux de la Saint-Jean, transcende depuis longtemps les frontières nationales. Cette pratique festive se retrouve, outre dans les Pyrénées françaises, dans le Val d’Aran (vallée occitane espagnole et oui ça existe !), en Andorre, et dans la partie de l’Aragon limitrophe de la Catalogne.

Un projet « tout feu, tout flamme ! »

Partant du constat d’un patrimoine commun, l’idée a germé d’une candidature au titre du patrimoine immatériel de l’Unesco. Fruit d’un travail de longue haleine, qui a duré plus de 15 ans et astucieusement porté par la Principauté d’Andorre au nom de tous les partenaires impliqués, la Fête des Brandons vient tout juste de se voir délivrer le label tant convoité. La distinction « Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco » sanctionne et valide entre autres : la transmission de générations en générations de traditions et de coutumes et le renforcement de la cohésion sociale d’une communauté.


En ce sens, ce projet collectif, devenu une réalité tangible, ne fait que matérialiser et renforcer les liens ancestraux basés sur les échanges entre voisins pyrénéens dépassant en cela la barrière des frontières, et lui donne, c’est le cas de le dire, un éclairage nouveau ! Qu’ils se nomment « falles » en andorran (une variante du catalan) « Haros » (en aranais occitan) ou « brandons », et bien que révélant des pratiques festives sensiblement différentes, c’est bien un seul et même événement que l’on célèbre.

Pour Louis Ferré, Maire de Luchon en Haute Garonne : « Ce sont nos Pyrénées qui se voient honorées par cette décision. C’est une belle reconnaissance de notre patrimoine commun et de notre histoire ». Afin de garantir la pérennité et le sérieux des projets et d’éviter toute candidature trop opportuniste, chaque agrément est évalué tous les 6 ans par un jury d’experts de l’Unesco. Souhaitant que le projet ne se transforme pas en un vulgaire fétu de paille et s’inscrive dans la durée, ses concepteurs ont créé une structure de coordination transnationale, composée d’élus et d’associations de terrain impliqués dans la transmission du patrimoine.


Concrètement, à Luchon le brandon se présente sous la forme d’un tronc d’arbre de 11 mètres de hauteur enfoncé dans le sol. Après avoir été ramené de la forêt (le bois est abondant ici…), il est travaillé, séché et fendu sur toute la longueur afin de favoriser son embrasement, avant d’être exposé sur l’esplanade jouxtant les thermes. Ainsi habillé et garni de paille, la mise à feu spectaculaire réchauffe instantanément les lieux, et très vite les premières particules de bois tombent devant des centaines d’yeux ébahis, au son et au rythme des groupes folkloriques présents.


Au final, car cela est porteur d’heureux présages, la seule question qui vaille est : de la ville ou de la station thermale de quel côté l’arbre tomberat-il ?



 

Pour aller plus loin : http://www.luchon.com/

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