lʼart dʼescargoter
Confluences
“Confluences” c'est l'histoire d 'Armindo un enfant de 10 ans qui quitte son Portugal rural des années 60 pour un grand saut dans l'inconnu : la découverte d'un nouveau pays, la France.
Dans un récit largement autobiographique, l'auteur déroule son histoire personnelle faite d'allers retours du pays d'accueil au pays de sa naissance. Une histoire qui se fond elle même dans la longue histoire de l'immigration portugaise.
On ne peut comprendre cette dernière, sans évoquer l'histoire récente de ce petit pays, (le plus septentrional d'Europe) à laquelle Armindo de Oliveira consacre fort justement de nombreuses pages. En particulier la période de la Révolution des oeillets (Revolução dos cravos) ainsi que les périodes qui ont précédé et suivi ce moment clé de son histoire. En 1974, à l'initiative des forces armées, le peuple portugais prend son destin en main et renverse pacifiquement Caétano — alors Premier ministre et bref successeur à ce poste de Salazar — et met fin à 41 années de dictature. Une période, des événements qui auront durablement marqué notre auteur et coïncidera avec le début de sa prise de conscience politique.
Armindo de Oliveira n'élude aucun des questionnements auxquels sont confrontés un jour ou l'autre les émigrés : garder la nationalité portugaise, se faire naturaliser, retourner au pays natal la retraite venue, rester dans le pays d'accueil où l'on a passé une grande partie de sa vie ? Pas plus que les antagonismes opposant les compatriotes restés au pays aux “Portugais de France”. Avec à la clé un procès d'intention bien injuste à l'égard de ces derniers, quand on connait l'apport des émigrés à l'économie du Portugal.
L'immigration portugaise, thème central de l'ouvrage fait immanquablement penser pour les plus anciens à celui écrit en 1984 par la chanteuse Linda de Sousa “La Valise en carton”. Plus actualisé “Confluences” se distingue tout de même par son indispensable mise en perspective socio-politique et historique. Et l'auteur ajoute :
"L'image du Portugais descendant les marches du train arrivé en gare d'Austerlitz, habillé de son manteau gris avec le col en peu de renard, portant sa valise en carton de couleur marron fauve, et cherchant du regard un visage connu, a bien vieilli".
Organisé en amicales et autres groupements qui voient le jour dans tout le pays, les années 80 marquent l'âge d'or du mouvement associatif portugais en France. Mais, comme le regrette l'auteur, elles sont restées figées dans un folklorisme fort éloigné des centres d'intérêt des jeunes générations. Heureux hasard du calendrier, l'ouvrage sort au moment où est lancée la saison du Portugal en France. Recevons “Confluences d'un pays à l'autre” comme une contribution supplémentaire bien utile à la compréhension du phénomène migratoire. Le tout écrit par un homme enrichi et fortifié par sa double culture.