lʼart dʼescargoter
La biennale belge tant attendue se réinvente autour d'un thème ô combien enthousiasmant : le train ! Entre déambulations patrimoniales et performances d'art contemporain, la programmation donne le vertige.
Europalia Trains & Tracks
L’année 2021 marque de nombreux anniversaires en matière ferroviaire, l’occasion pour EUROPALIA de consacrer son festival à ce monde en soi, celui du train, une invention qui a façonné la société moderne et qui semble aujourd’hui à nouveau en mesure d’y occuper un rôle de premier plan.
EUROPALIA TRAINS & TRACKS propose plus de 70 projets artistiques—principalement des nouvelles créations et des résidences—à découvrir 7 mois durant en Belgique et à l’étranger, au sein d’institutions culturelles mais aussi et surtout sur le terrain, dans les gares et les trains !
Ce programme multidisciplinaire s’articule autour de trois thèmes. Il se penche d’abord sur l’impact du train sur la société. Cet impact a été énorme lors de son invention et son rôle semble à nouveau prendre de l’ampleur aujourd’hui. Si le train rimait à ses débuts avec une accélération de la société, il est aujourd’hui plutôt symbole de ralentissement. On s’intéresse aussi au temps et au mouvement, ainsi qu’aux rencontres et adieux, des concepts étroitement liés au monde ferroviaire, qui nous permettent d’approcher ce sujet de manière plus large.
Les gares bruxelloises, la gare d’Anvers-Central, de Liège-Guillemins, mais aussi celles de Bruges, de Verviers-Central, de Louvain, Renaix, Louvain-la-Neuve ou Ostende, ainsi que des trains sillonnant la Belgique et d’autres coins d’Europe, se mueront en scènes pour des concerts, du slam, des rencontres littéraires, des performances ou encore des opéras.
La ligne entre Ostende et Eupen accueillera quant à elle une exposition à part entière, Endless Express, avec des installations de sept artistes : Che Go Eun, Inas Halabi, Flaka Haliti, Chloé Malcotti, Sophie Nys, Marina Pinsky et Laure Prouvost. Cette ligne, qui traverse le pays et ses différentes régions linguistiques, décrit des histoires que dévoileront ces artistes via des œuvres créées pour l’occasion et installées le long des voies, sur les quais et dans les gares.
TRAINS & TRACKS s’intéresse à l’intrigant passé du train, et de cette façon à celui de l’Europe. Le festival interroge et étudie l’espace public de la gare, arpenté par une multitude de passants. EUROPALIA a invité à cette fin des artistes de différentes disciplines à dialoguer avec un large public— le passant impromptu, le ferroviphile, le navetteur, le touriste, l’amateur d’art ou encore les familles et enfants.
Le programme se tourne aussi vers le futur du train et son rôle croissant en matière de développement du voyage durable. Des jeunes se pencheront sur la question au cours de workshops et lors de débats avec des décideurs politiques, s’interrogeant sur ce à quoi devrait ou pourrait ressembler le train de demain.
TRAINS & TRACKS invite à la rêverie, explorant les voyages mythiques comme ceux liés à l’Orient Express. L’exposition éponyme à Train World (Bruxelles), mise en scène par François Schuiten, joue sur la nostalgie mais se penche aussi sur le contexte social et politique qui a permis la création de ce train de luxe. Pour l’occasion Train World exposera d’impressionnantes voitures de la compagnie Wagon-Lits, la société ferroviaire fondée par le Belge Georges Nagelmackers.
Le festival se plonge aussi dans des voyages imaginaires, comme ceux présentés dans l’exposition Rinus Van de Velde: Inner Travels (BOZAR, Bruxelles). Une promenade visuelle dans l’univers de l’artiste – qui engage un dialogue avec le travail de Pierre Bonnard, Edvard Munch et Joan Mitchell, entre autres – et des performances de Charlotte et Dolores Bouckaert, Rita Hoofwijk et Gaëtan Rusquet.