A Marseille : Dans les pas de Fabio Montale
Fabio Montale, le personnage central de la trilogie policière, est né l’imagination du défunt romancier marseillais Jean Claude Izzo. Partons en sa compagnie ,explorer la cité phocéenne ,personnage à part entière de son œuvre.
Du Panier au vieux port
La trilogie débute comme un pèlerinage dans le quartier du Panier, autour de la rue des Pistoles (la mère d’Izzo y est née) et de la Place de Lenche (son père y tenait un bar). C’est ici que Fabio Montale grandit aux côtés d’Ugo, Manu et Lole, dans ce quartier dont « la mauvaise réputation durait, les mauvaises odeurs aussi ». Avec eux, il apprend « l’amitié, la fidélité » et quelques coutumes locales : « Place de Lenche, je me garais à la mode de chez nous, où c’est interdit… ».
En descendant les marches de la montée des Accoules, on arrive au Vieux Port, où Fabio aime s’offrir grâce au ferry-boat « un aller-retour pour le plus court et le plus beau des voyages ». La traversée de Marseille : Quai du Port, Quai de Rive-Neuve. Quai des Belges. Il prend souvent « une bière, puis deux, puis trois » à la terrasse de La Samaritaine, la plus belle selon lui.
En remontant la rue d’Aubagne et ses parfums d’orient, on débouche sur le quartier de la Plaine où se trouve le bar des Maraîchers, son QG idéal à l’heure de l’apéro. Un bar où Fabio Montale aime prendre le pouls de la ville : « J’étais bien dans son bar, à Hassan. Les habitués se côtoyaient sans aucune barrière d’âge, de sexe, de couleur de peau, de milieu social. ».
Accroc à la bonne chère, Montale passe aussi son temps à nous faire saliver même devant une simple pizza. Au fil des pages, il égrène sa connaissance des restaurants marseillais en commençant par sa « cantine » du Panier, le bar des Treize coins, s’attarde à décrire les subtilités d’un vin rouge de Bandol ou d’un blanc de Cassis, se délecte des petits plats qu’il partage avec sa voisine Honorine et de sa manière incroyable de faire les poivrons farcis.
Mélancolique, bon amant mais mauvais mari selon ses dires, amateur d’un whisky écossais au nom imprononçable, Montale est toujours rattrapé par des intrigues mêlant ses proches. Il arrive « toujours à la fin. Là où ça tue. Là où on meurt. Toujours en retard d’une vie. D’un bonheur ».
La lumière de la cité phocéenne peinte au fil de ses enquêtes est tantôt rasante, tantôt aveuglante. C’est celle d’une ville crue, un peu crade, pauvre et rebelle où les puissants tirent les ficelles et les autres se serrent les coudes. Lucide, le regard de Fabio Montale dévoile aussi la carte d’une géographie sociale implacable souvent tue : « La rénovation voulait enlever la mauvaise réputation qui collait à la peau de ces rues. Mais les Marseillais ne venaient pas se promener par là. (…) Et s’ils s’aventuraient quelquefois à retraverser la Canebière, c’était pour se rendre au centre commercial de la Bourse. Ils n’allaient pas au-delà. Au-delà, ce n’était plus leur ville. ».
Du port des Goudes aux calanques et au Frioul
Mais la cité phocéenne de Fabio Montale ne se limite pas à son hyper centre, au contraire, elle ne s’envisage pas sans sa périphérie, respiration nécessaire d’une ville qui fatigue autant qu’elle éblouit. Dans ce Marseille à l’écart du tumulte, toujours près de la mer, Fabio s’appuie sur trois alliés fidèles : son cabanon des Goudes, son pointu le Trémolino et la proximité des calanques.
Avec son pointu, Fabio s’évade à la pêche ou en balade, accompagné par le seul clapot de la mer. « Le « teuf-teuf » de mon bateau me revint en mémoire. Je me vis en mer, en train de pêcher. Je souris. La vie, en moi, reprenait place. Par les choses les plus simples. ». Son cabanon, abri providentiel, « était loin d’être luxueux, mais, à huit marches au-dessous de ma terrasse, il y avait la mer et mon bateau. Et ça, c’était certainement mieux que toutes les espérances de paradis ».
Le petit port des Goudes symbolise aussi la porte d’entrée du massif des calanques, un territoire vierge où il aime se perdre. « Quelquefois, je partais en virée dans les calanques de Sormiou, Morgiou, Sugiton, En-Vau… Des heures de marche, sac au dos, je suais, je soufflais.
Cela me maintenait en forme. Cela apaisait mes doutes, mes craintes. Mes angoisses. Leur beauté me réconciliait avec le monde. ». A l’inverse des Goudes, Fabio Montale considère les îles du Frioul comme « un lieu inhabitable, juste un lieu pour venir plonger, pêcher et nager dans l’eau froide du large ». C’est pourtant là que l’épilogue de la trilogie se noue. C’est dans une crique face à la rade de Marseille que Montale nous quitte, toujours à la barre de son pointu, victime, une fois de trop, de la sauvagerie des hommes.
Note de la rédaction :
L’article : « Marseille dans les pas de Fabio Montale » a déjà fait l’objet d’une publication antérieure dans « Babel Balades » le précédent éditorial de l’art d’escargoter. Les informations sur certains lieux évoqués dans le présent article ne sauraient de ce fait être contractuelles.
Crédits photographiques :
Office de tourisme de Marseille
Pour aller plus loin :
Le coin du ferrovipathe :
Trains régionaux, trains inter cités, trains à grande vitesse les moyens ne manquent pas pour rejoindre Marseille et sa magnifique gare Saint Charles.
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