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  • Didier Vors

Alméria : le miroir de la mer

Alméria (al myriat : le miroir), nom hérité de la conquête arabe, est la capitale de la province la plus à l’Est de l’Andalousie. Avec une moyenne de 320 jours d’ensoleillement par an, elle est aussi la plus chaude. Ce qui la conduit à devenir le principal fournisseur de fruits et légumes du continent. Le jardin de l’Europe, a-t-on coutume de dire.



Jalonnée de chaînes de montagnes, elle présente d’importants contrastes entre végétation méditerranéenne, zones arides et poches désertiques telles que l’on en trouve à Tabernas. Almeria, dont la vocation maritime s’est affirmée et consolidée tout au long de l’histoire, est avant tout un port, des ports devrait-on dire tant les activités sont multiples. On trouve le port de voyageurs, dont les bateaux assurent les liaisons avec le Maroc tout proche, ville de Nador et enclave espagnole de Melilla ; le port de commerce, par lequel transite une partie de la production agricole ; le port de plaisance, ainsi que le port de pêche qui approvisionne en poisson frais les nombreux bars à tapas et restaurants de la ville. Ville d’escale pour les croisiéristes, elle devient de plus en plus ville de séjour pour ces mêmes touristes.



Une mosaïque de styles

Sur le plan architectural on distingue de façon tout à fait subjective : La période musulmane symbolisée par l’Alcazaba,édifiée au Xème siècle l’une des plus vastes forteresses de la péninsule ibérique. Construite sur une colline, elle domine toute la ville, la médina et le quartier de la Chanca aux maisons colorées. La visite libre pour les citoyens de la communauté européenne, peut être utilement complétée par l’ascension du coteau de San Cristobal avec point de vue garanti sur Alméria et ses environs.



La « Reconquista » moment clé de l’histoire espagnole, marque l’avènement de la période catholique symbolisée par la cathédrale, curieux mélange de styles allant du gothique au baroque et jusqu’à la renaissance.



Enfin, on pourrait parler d’une période plus moderne, liée en partie à l’industrialisation de la ville. Le minerai, d’or, de plomb ou d’argent, extrait des montagnes voisines, était acheminé de la gare ferroviaire (exemple parfait de l’architecture de fer et de verre) au port par le célèbre « Cargadero de Minera » connu aussi sous le nom de « Câble Ingles » encore visible aujourd’hui.



La réunion de tous les plaisirs

À Alméria et dans la province, le tourisme se décline de différentes façons. Il peut être balnéaire : avec 200 km de côtes, on peut en toute sécurité s’adonner aux joies de la baignade sur de nombreuses plages respectueuses de l’environnement et distinguées pour la qualité de leurs eaux par le drapeau bleu. Sans pouvoir toutes les nommer, citons quand même la plage de Zapillo, quasiment en centre-ville et celle de Nueva Alméria un peu plus à l’Est de la première.


Mais il peut être aussi sportif : l'énumération de toutes les offres serait longue, mais mentionnons tout de même toutes les activités liées au nautisme telles que la voile, la planche à voile ou encore la plongée sous-marine.


Sans oublier le thermalisme pratiqué dans l’Alhama (bains de Saint Nicolas) et dans la sierra Alhamilla avec ses thermes datant de l’époque romaine.



Une offre culturelle singulière

Alméria est une ville résolument tournée vers la culture. Si l’offre muséale est conséquente, c’est par son parti-pris résolument original qu’elle se distingue.


À côté d’offres classiques (musée d’art, d’ethnographie), elle accueille par exemple le Centre andalou de la photographie et el Museo de la guitarra Antonio de Torres, du nom de l’un des plus illustres luthiers de l’histoire, et père de la guitare espagnole telle que nous la connaissons encore aujourd’hui.


Mais c’est surtout en matière de tourisme mémoriel qu’elle se singularise avec les « refugios ». Ayant, durant la guerre civile espagnole, choisi loyauté et fidélité au camp Républicain, dont elle fut la dernière à résister, elle eut à souffrir des bombardements de l’aviation allemande. Afin de protéger les populations civiles, 4,5 km de galeries souterraines furent construites à 9 mètres de profondeur à la hâte, avec l’aide des habitants. Longtemps laissées en l’état, elles ont été réhabilités soixante-dix ans après et une partie est ouverte au public dans le cadre de visites guidées et commentées. Saluons comme il se doit ce devoir de mémoire essentiel, tout à l’honneur de ses concepteurs.




Quand Alméria embobine le cinéma

Rarement une ville et une région ont été aussi intimement et durablement liés au cinéma. Le 7ème art en est devenu un élément central d’Alméria, quasiment sa marque de fabrique. Depuis les années 70, il constitue un élément-clé de sa réalité. Même les milieux enseignants locaux se prennent de passion pour la discipline, en choisissant le thème du cinéma à Alméria pour leur XVIIIème Université d’été, avec entre autres des tables rondes et conférences telles que : "Cinéma et tourisme", et "Le cinéma comme imaginaire touristique".


Si, aux yeux du grand public, la province est durablement associée au « western spaghetti », on ne saurait la cantonner à ce genre cinématographique, tant tous les types de cinéma (péplums, films d’aventure, espionnage…) ont contribué à sa renommée dans le cadre de productions nationales et co-productions internationales. Mais bien au-delà du désert de Tabernas, c’est toute la région d’Alméria et ses décors naturels (montagnes, plages) mais aussi ses monuments, qui ont inspiré les cinéastes du monde entier.


Pour bien comprendre et mesurer l’ampleur du phénomène une visite de « La Casa del ciné » s’impose. Sorte de musée du cinéma, implantée dans une demeure historique de la ville, elle représente sa mémoire vivante. On regrettera toutefois la faiblesse de la signalétique pour un site un peu excentré par rapport au coeur de ville et l’absence de référence directe au cinéma sur la façade ce qui lui donne un aspect un peu austère. Bien-sûr, avec un tel vécu, la ville ne pouvait être absente du calendrier cinématographique mondial. C’est sur le court-métrage qu’elle a choisi de se positionner avec « Almeria corto » qui fêtera en novembre prochain sa XVIème édition. Avec, se prévalent les organisateurs, un large soutien de la population qui entend réaffirmer par son engagement le fait que Alméria est « tierra de cine ».



Si la ville ne possède pas le cachet parfois légèrement ostentatoire des autres grandes cités andalouses, elle charmera sans nul doute le flâneur épris de curiosité.


 
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