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Didier Vors

Balade patrimoniale en Lauragais toulousain

S’il n’est pas toujours aisé de situer géographiquement le Lauragais, la simple évocation du Canal du Midi qui le traverse de part en part et l’excellence de son produit phare, le cassoulet, régal des gourmets, rendent sa localisation plus évidente.



Reconnu pour la fertilité de ses terres, le sillon lauragais avec ses vues imprenables sur la chaîne des Pyrénées, reste un axe de communication essentiel entre Aquitaine et Languedoc.


Tirant son nom de l’ensemble féodal de Laurac le Grand, morcelé à la Révolution française, il occupe une infime partie des départements du Tarn et de l’Ariège, et s’étend principalement sur les départements de l’Aude et de la Haute-Garonne. Vicissitudes de l’histoire, les frontières sont restées souvent mouvantes. On peut cependant tenter de le délimiter à l’ouest par la ville de Castanet Tolosan, par les villages de Fanjeaux au sud et Sorèze au nord, au pied de la Montagne Noire.


« Pays de cocagne », « Grenier à blé du Languedoc », « Toscane française » , « Pays aux mille collines »... les différents noms et attributs ne manquent pas pour désigner le Lauraguès (en langue occitane) et correspondent peu ou prou à des réalités.


Architecturalement parlant, le Lauragais occupe une position singulière à la confluence de la pierre et de la brique rose que l’on rencontre alternativement dans les villes et villages.




Au pays d’Eole

Massivement présents du fait de la culture du blé et du maïs, les premiers moulins apparurent au 12ème siècle, supplantés quelques siècles plus tard par les minoteries industrielles. Et comme si cela ne suffisait pas, ils perdirent leurs ailes lors de la Seconde Guerre mondiale, démontées sur ordre de l’occupant allemand. Elles étaient supposées, selon leur position, donner des renseignements à la Résistance française. Si certains d’entre-deux pourraient à nouveau fonctionner après remise en état, la plupart sont malheureusement délabrés – voire en ruines. Cependant, à l’initiative de municipalités ou d’association patrimoniales, certains anciens moulins renaissent et leurs ailes et se mettent à nouveau à tourner.




Tel celui de Montbrun en Lauragais datant de 1860 géré par l’association « Au fur et au moulin ». Quant à celui de Nailloux, d’une hauteur de 16 mètres, il s’agit d’une construction nouvelle le fait est assez rare pour être souligné. Avec son habillage rouge vif et ses six ailes, il ne manque pas d’allure ! L’autan (sud-est) et le cers (nord-ouest) constituent les vents dominants de la région, et l’on ne compte plus les rues des villages qui portent les noms de « Rue du moulin ». Ces constructions sont si emblématiques du territoire que même le célèbre guide du routard s’en sert pour illustrer la 1ère page de son tout nouvel ouvrage consacré à la région.




Dignes héritières des moulins d’autrefois des éoliennes ont fait leur apparition sur les collines lauragaises tout à la gloire du dieu Eole, comme à Avignonnet Lauragais, au pied d’un parc photovoltaïque. Juste à côté ne pas manquer la visite de la ferme Magrignac et sa scénographie unique pour tout savoir sur les énergies renouvelables et les enjeux des changements climatiques.


De taille plus modeste que les moulins fariniers, les moulins pouvaient être aussi « pasteliers » tel celui de Ramonville, ce qui nous renvoie à la culture de cette fameuse fleur jaune, une plante tinctoriale qui était récoltée au mois de mai. Après avoir été broyée par les meules, elle était séchée durant plusieurs mois et l’on obtenait le fameux « bleu pastel » qui fit la gloire et la fortune du Lauragais appelé alors « Pays de Cocagne » (symbole de prospérité).


De cette période de prospérité restent les châteaux de Baraigne, Montmaur ou encore Loubens Lauragais.



Les clochers-murs du Lauragais

L’autre élément patrimonial significatif local est sans conteste l’omniprésence des clochers-murs, que l’on retrouve dans nombre de villes et villages. Souvent de style gothique médiéval, en pierre ou en brique. Bien que présents mais de façon moindre dans d’autres parties de l’hexagone, ils symbolisent à eux seuls l’architecture religieuse régionale.



Signe sans doute de grande dévotion, et d’autre part d’une intense pratique religieuse passée, il est frappant de constater que quasiment sur toutes les places des villages, trône une statue de la vierge Marie.



Le catharisme en ses terres

L’histoire retiendra que le Lauragais fut il y a plus de huit siècles, le berceau du catharisme. Un concile se tint même à Saint Félix de Lauragais dans le courant du 12ème siècle.

Une religion considérée par la Papauté comme la plus grande hérésie du Moyen-Age, et qu’il convenait de combattre par tous les moyens. Il est stupéfiant de voir comment des siècles après, on entretient la mémoire collective et comment cette histoire reste prégnante de nos jours. Pour preuve : la stèle inaugurée en 2011 pour commémorer le triste anniversaire du bûcher allumé au village Les Casssés, où périrent de nombreux « hérétiques ».



Un petit patrimoine riche et varié

D’autres témoignages tout aussi surprenants viennent enrichir l’offre patrimoniale locale. Ainsi toujours sur la commune Les Cassés, bien que visibles dans d’autres lieux, on rencontre des stèles discoïdales. Sculptures massives taillées dans un seul bloc de pierre elles gardent encore tout leur mystère. D’origine incertaine, leur fonction première serait d’ordre funéraire.


Autre élément assez inattendu, il faut bien le dire : la présence de phares aéronautiques. Datant de la fameuse épopée de l’Aéropostale (premières lignes commerciales vers l’Afrique et l’Amérique du sud), ces pylônes en ciment d’une dizaine de mètres de hauteur en moyenne, abritaient une source de lumière tel celui de Montferrand construit en 1927. L’éclat de cette lumière permettait aux pilotes, comme Saint-Exupéry ou Mermoz (excusez du peu !) de se localiser et de diriger leurs avions de nuit. A noter que le phare aéronautique de Baziège est classé au titre des Monuments historiques.




Le patrimoine dans l’assiette


Dans le sud-ouest, peut-être plus qu’ailleurs, le patrimoine se décline aussi sur le mode gastronomique. Pas de balade dans le Lauragais sans goûter aux produits régionaux. Et quel plus bel écrin pour satisfaire les palais les plus exigeants, que la Halle de Revel, l’une des plus imposantes de France, avec ses 79 piliers en chêne massif où se tient tous les samedis, un marché d’importance régionale. La ville vit naître en 1796 une crème de menthe qui deviendra plus tard la célèbre boisson Get27 (un breuvage à base de menthe légèrement alcoolisée).



Autre halte gourmande à ne pas manquer, celle de Port Lauragais. Un concept original qui réunit en un même lieu : une exposition permanente sur le Canal du Midi, un bureau d’information sur l’offre touristique haute garonnaise, une halte fluviale à destination des plaisanciers et une boutique de produits du terroir... où vous attendent, parmi les 2000 produits référencés, violette de Toulouse, cassoulets, magrets et autres confits de canard. Auxquels s’ajoutent, à l’attention des gourmets esthètes, les créations d’artistes et d’artisans d’art (faïence de Martres Tolosane et meubles de Revel pour ne citer que ceux-là). En d’autres termes, un lieu incontournable.



 

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