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  • Diana Garcia Rivera

Carnaval del diablo ( Riosucio, Colombie)

Notons tout d’abord que la municipalité de Riosucio est, depuis sa création en 1846, une ville de rencontre entre plusieurs cultures : elle se caractérise par la présence de la culture blanche depuis l’époque de l’invasion espagnole, les cultures des peuples autochtones installés dans la région comme les Umbra, les Anserma, les Ipa, les Turzaga, les Pirzas, les Cumbas, les Sonsons et les esclaves africains ramenés par les espagnols pour travailler dans les mines d’or, étendues dans tout l’Ouest de la Colombie, notamment à Riosucio et ses alentours (des régions de tradition minière).



Les origines du carnaval

Les racines du carnaval remontent à l’époque précolombienne et on les retrouve dans des cultes que pratiquaient les peuples originaires de Padre Sol et Madre Luna, dans la colline de l’Ingruma. Il s’agissait de grandes cérémonies où l’on pratiquait le syncrétisme des traits félins du diable avec le jaguar précolombien qui symbolisait le soleil. Il y avait aussi les rites du fruit calabazo où l’on dansait en invoquant la terre mère, qui est la même déesse de la chicha (une boisson enivrante que l’on obtient après la fermentation du maïs). Depuis le XVIème siècle, la ville de Quiebralomo est imprégnée de l’esprit festif apporté par les Espagnols qui ont instauré la célébration du jour des Rois Mages le 6 janvier. De leur côté, les esclaves africains se remémoraient leurs cultes en pratiquant des danses ancestrales comme celle des diables aux sonnailles, des chants d’origine Vantu ou des chants d’esclavage dans lesquelles ils protestaient contre l’oppression. De ce fait, les fêtes des Blancs et des Noirs étaient célébrées à cette date et elles s’étendaient dans tout l’Est colombien, des parodies ancestrales qui se moquent de l’esclavage et de la toute-puissance des blancs sur les noirs. L’une des plus connues est le Carnaval des Blancs et des Noirs dans la ville de Pasto, dans le département de Nariño, au sud-est de la Colombie.



Le diable du carnaval

Le personnage est libérateur car grâce à la joie, il atténue l’amertume et la tristesse des habitants de Riosucio. De plus, il s’agit d’un diable justicier et protecteur qui empêche de détruire la fête et l’esprit du pardon. Il préside les festivités comme un arbitre de la vie en communauté.


C’est un diable tellurique qui vit en mouvement tout comme notre continent et avec notre continent. Rappelons-nous que l’Amérique est le seul continent flottant qui n’ait pas de connexion avec la terre. C’est d’ailleurs pour cela que les croyances des cultures précolombiennes ont un rapport avec la couleuvre aux sept têtes, le tigre et le bouc. Le diable des Riosucio a aussi un lien avec ces personnages avec un aspect de mouvement, de transition et de fécondité de la terre.


Le diable du carnaval est né d’un phénomène culturel : les Afro-américains ramenés d’Afrique lors de l’époque coloniale venaient dans la région pour travailler dans les mines d’or. Durant le peu de période de repos qu’ils avaient, ils avaient le droit de sortir et de profiter de leur temps libre. Ils s’amusaient en mettant des masques avec des motifs de diables élaborés par eux-mêmes, armés de vessies de taureaux qu’ils mettaient à sécher, ligotées et étendues au soleil.


Avec leurs masques, ils allaient derrière les gens en leur donnant des coups de fouets, ils poursuivaient les femmes et les faisaient entrer dans les églises. C’est de là qu’est né le personnage du "matachín", faisant aujourd’hui partie des figures du carnaval.


Bien que le diable du carnaval de Riosucio n’ait rien à voir avec le diable occidental de la tradition judéo-chrétienne, sa tête est se caractérise grâce à des éléments ethniques de la culture colombienne qui réunit les cultures autochtones, noires et métisses qui cohabitent en Colombie, et particulièrement à Riosucio depuis l’époque coloniale.


Les personnages du Carnaval

Le Carnaval nous présente une parodie politique à travers plusieurs personnages. Pendant la fête, on se retrouve face à une République incarnée par le Carnaval, avec un gouvernement souverain du peuple de Riosucio et ses bagarreurs qui représentent les dignitaires et les lois synonymes de joie et de fraternité.


Ce sont eux qui se chargent de la défense et du maintien de l’authenticité traditionnelle de la fête. Parmi les acteurs du carnaval, on retrouve les crieurs publics ou vociférateurs. Ils annoncent de vive voix dans les rues les activités prévues pour le carnaval. Ils rédigent notamment les décrets de l’instauration de la République du Carnaval, mais aussi d’autres décrets de contestation et de satyre sociale.


Pendant le Convite, le moment où l’assemblée du carnaval déclare la cérémonie ouverte à tous pour que commencent le carnaval et ses festivités. Enfin, on retrouve les équipes et les figurants traditionnels du Carnaval, qui dramatisent des thèmes sociaux, politiques, environnementaux, satiriques, et bien d’autres encore.




Ce que les trois cultures apportent au Carnaval

Le Carnaval du Diable de Riosucio est rempli de magie et d’exhortations, de rangs et de cortèges dans lesquels se mélangent les cultures du conquistador, des natifs et des esclaves africains : l’Espagnol a apporté la structure à sa célébration des Rois Mages, le trident et les ailes de la chauve-souris du diable, qui représentait la religion catholique et son symbole de châtiment pour les plaisirs mondains. Les natifs ont apporté les yeux et les crocs du jaguar que porte le diable, le rituel du calabazo, toute une marche funèbre qui consiste à enterrer les calabazos le mercredi à la fin du carnaval. Cet enterrement signifie que l’esprit d’ivresse, la joie saine et la bringue reviennent au centre de la terre mère, la fête se termine et un nouveau cycle commence.

De leur côté, les grandes cornes noires du diable représentent la force des taureaux, et surtout la culture afro.

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