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  • Didier Vors

Désert de Tabernas : La chevauchée andalouse

– Article traduit en espagnol par Luis Alonso : El desierto de Tabernas : cabalgando por Andalucía

Les amateurs du genre le savent, qui vouent à cette région une véritable dévotion. Le désert de Tabernas reste à jamais lié à l’histoire du Western, en tous cas dans sa version européenne. Cette période heureuse, prolifique et inventive porte le nom générique de « Western Spaghetti ». Bien que l’expression ait rapidement fait florès, elle était chargée à ses débuts de fortes connotations péjoratives.



Piqués au vif par l’inventivité et l’audace de leurs homologues européens, avec à leur tête l’italien Sergio Leone, les réalisateurs américains eurent tôt fait de dénigrer l’entreprise. Comme si, hors les États-Unis d’Amérique, point de salut pour le genre. Il faut dire qu’avec ces nouveaux venus, ce cinéma entame une mue radicale. Les films deviennent plus violents, plus réalistes et font voler les codes en éclat. « Ici, même le gentil est méchant » note Luis Alonso, historien du genre.


C’est « Oeil pour œil » tourné en 1956 en décors naturels par le réalisateur André Cayatte qui révéla le premier ces immenses étendues désertiques et arides semblables à celles de l’Ouest américain. Jusque-là, quasiment inconnues en Europe. Moins de dix plus tard, « Pour une Poignée de dollars » lance véritablement la région d’Alméria.



La ruée vers Alméria

Dès lors, une autre ruée commença : celle qui vit converger des centaines d’équipes de tournage. En plus des décors évoqués plus haut, ils trouvèrent aussi sur place un habitat traditionnel fait de villages blancs créant parfaitement l’illusion de véritables « pueblos » mexicains. Et que dire des natifs... ou des gitans habitants séculaires de la région, visages burinés par le soleil, source inépuisable de recrutement de figurants et d'équipes de tournage.


Pour une région relativement pauvre et isolée, l’impact économique fût réel. L’activité de production représenta une véritable manne financière. Le tournage des derniers Blueberry et Lucky Luke et Les Daltons marquent la fin de cet âge d’or. Que reste- il de ces temps héroïques ? « Peu de choses », toujours selon Luis Alonso. Pour  lui, l’absence de volonté de préservation de ce patrimoine a eu pour conséquence la disparition de villages entiers.


Les quelques vestiges qui subsistent ne sont surtout connus que des seuls « aficionados » et il faut bien toute leur sagacité pour faire revivre les histoires qui ont hanté ces lieux. Les seuls ayant été restaurés ont été transformés, au grand dam des gardiens du temple, en attractions touristiques. Ils portent les noms évocateurs de « El Paso » et « Fort Bravo ». On considère généralement qu’un millier de Western furent tournés durant cette époque partiellement ou entièrement dans la région. Bien-sûr, ils engendrèrent beaucoup de déchets et seul le dixième présente un certain intérêt. De cette surproduction émerge nettement des films tels que « Pour une Poignée de dollars » le bien nommé, marqué par le manque de moyens financiers et des conditions de tournage difficiles. Jusque-là cantonné à des seconds rôles d’obscures séries télé Clint Eastwood crève littéralement l’écran. Sorti timidement (faute de distributeur) dans un cinéma de quartier de Florence en Italie, le film connaît des débuts bien modestes. Mais, très vite, le public afflue en masse et le succès devient mondial. Un succès dont l’acteur et le réalisateur Sergio Leone s’attribueront la paternité et la soudaine notoriété de l’autre.


« Et pour quelques Dollars de plus » ainsi que « Le Bon, la Brute (Lee Van Cleef) et le Truand (Elie Wallach) » complètent cette « trilogie des dollars », selon le terme consacré. Ces films passés au Panthéon du cinéma restent indissociables de la musique d’Ennio Morricone, leur génial compositeur.


Autres temps, autres mœurs : ces lieux mythiques servent depuis de nombreuses années au tournage de clips publicitaires.

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