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  • Didier Vors

En marche… sur les chemins de la Via Garona

L’avènement d’un sentier de grande randonnée peut devenir un moment important pour les territoires qu’il traverse et constituer un véritable événement. C’est en tous cas le sens qu’ont voulu lui donner les édiles haut-garonnais, en inaugurant en juillet dernier, avec une sorte de faste populaire, la Via Garona.



Long de 170 kilomètres, cheminant au plus près de la Garonne, elle relie Toulouse (cathédrale Saint Sernin) à Saint Bertrand de Comminges (cathédrale Sainte Marie) deux hauts lieux de la chrétienté régionale. Ce chemin étant emprunté dès le moyen-âge par les pèlerins se rendant à Saint Jacques de Compostelle comme l’attestent des documents anciens. C’est à un toulousain, Jean Marc Souchon, Saint- Gaudinois de naissance, randonneur, et conférencier à ses heures, que l’on doit cette redécouverte.


De Toulouse à Rieux Volvestre

Impossible, on s’en doute, de décrire ou mentionner toutes les curiosités et visites qui agrémentent le parcours, le long des 42 communes traversées et parcourant tour à tour, le pays toulousain, le Volvestre, et le Comminges. Nous n’en donnerons ici qu’une sélection subjective autant qu’arbitraire ! Il appartiendra à chacun de bâtir sa propre Via Garona en fonction de ses centres d’intérêt, et de ses capacités physiques ! Rarement, il faut bien le dire, un fleuve épouse aussi fidèlement les contours d’un département pour se fondre dans le paysage.



Tout commence donc à la basilique Saint Sernin, dans le centre de Toulouse, premier des huit monuments jalonnant la Via Garona, classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco, et plus grande église romane d’Europe. Saint Sernin, qui pour le chanteur Claude Nougaro « illumine le soir d’une fleur que le soleil arrose » dans la chanson O moun Pais O Toulouse. « Nougaronne ! », devrait-on dire tant son patronyme évoque déjà un peu le fleuve bien aimé.


Une première attraction attend les randonneurs à la sortie de Toulouse : le bac de Portet sur Garonne, accessible depuis un chemin de halage, qui permet de traverser le fleuve sur une barque à fond plat et avec l’aide d’un filin. Non loin de là, au parc du confluent, classé réserve naturelle régionale, la Garonne s’adjoint l’Ariège, qui lui confère son véritable statut de fleuve.


Après avoir passé Muret, patrie d’un ancien président de la république (Vincent Auriol), et de Clément Ader, pionnier de l’aviation, le sentier pénètre dans la région du Volvestre. Avec son pont de pierre sur l’Arize, affluent de la Garonne et sa magnifique église (cathédrale jusqu’à la révolution), Rieux Volvestre constitue l’une des belles surprises du parcours.




Son Musée a pour but de maintenir la noble tradition ancestrale du tir à l’arc sur un oiseau de bois et de fer juché sur un mât de 45m de haut, cet oiseau s’appelant Papogay (perroquet).


Non loin de là, se trouve le village gaulois : c’est au départ le rêve fou d’un homme Jean-Claude Blanchard, devenu à force de ténacité, de courage et de travail, une réalité portée par un collectif. Mais attention, tient à préciser d’emblée son concepteur, nous ne sommes pas une sorte de « Parc d’Astérix bis ». Le fait est que le lieu n’a rien du parc d’attraction fourre- tout. Il s’agit plutôt d’un archéosite selon l’appellation en vigueur, un endroit qui conjugue à merveille recherche scientifique, éducation artistique et culturelle tout en restant ludique. Cette réalisation unique en son genre, réhabilite la civilisation gauloise ,qui aux yeux de ses créateurs reste souvent méconnue et largement folklorisée.



Martres Tolosane : attention fragile

Martres Tolosane, classée Ville d’art et d’histoire, perpétue la tradition faïencière depuis le XVIIIème siècle. Utilisant la technique de cuisson dite du « grand feu » avec des températures de 900 à 1000 degrés, sa méthode de fabrication a traversé les époques. Il reste encore de nos jours, fait remarquable, cinq faïencières (l’activité se déclinant uniquement au féminin) qui perpétuent ce savoir-faire ancestral dans un souci de transmission.



Un passé et un présent que mêlent et marient allègrement l’exposition installation « Sylvain Meschia en terres inconnues » à voir au grand presbytère jusqu’en novembre. On ne peut être que surpris par la vitalité de la vie culturelle d’une commune de moins de 2000 habitants, comme si ce riche passé artistique lui conférait en ce domaine un devoir d’excellence.



En cheminant à travers le Comminges

C’est à Saint Martory, charmant village des bords de Garonne, que le chanteur d’origine néerlandaise Dick Annegard a choisi d’implanter la première Verbothèque, un lieu consacré à l’oralité sous toutes ses formes contes, chants… Le seul lieu au monde affirme l’artiste entièrement dédié à la culture orale. Habitant non loin de là, dans le petit village de Laffitte Toupière, Dick Annegard affirme ainsi son attachement à sa région d’adoption.


Progressivement, inexorablement, les montagnes se rapprochent, et font face à la ville de Saint Gaudens, nouvelle étape de ce périple buissonnier. Principale attraction monumentale de la ville, la cathédrale Saint Pierre et Saint Gaudens, la bien nommée, outre son cloître et son orgue possède un trésor inestimable avec, accrochées aux murs : de magnifiques et immenses tapisseries issues de la Manufacture royale d’Aubusson.



A l’évocation de Saint Gaudens, les amateurs de sport et en particulier les fans d’ovale, ne manqueront pas de se remémorer, avec un brin de nostalgie, le glorieux passé de l’équipe locale de rugby à XIII. Avec la participation à 15 finales et 4 titres de champion de France, Saint Gaudens tutoyait alors, les sommets de l’ovalie treiziste.


Nostalgie toujours de temps révolus que partageront volontiers avec vous les dynamiques bénévoles du tout nouveau Musée du circuit automobile du Comminges. Mais ce glorieux passé n’empêche pas la ville de vivre dans le présent avec le fameux festival de Jazz du Comminges qui fêtait en mai dernier sa XVème édition.


Ville natale de Guy Laffite, saxophoniste de renommée internationale, Saint Gaudens est devenu au fil des éditions un rendez-vous incontournable pour les amateurs du genre : un événement musical complet qui, outre les concerts propose une large palette de conférences, expositions, master class et films.



Itinérance douce : réalisation et projets

L’ arrivée à Saint-Bertrand-de-Comminges surnommé rien de moins que « Saint-Michel des terres » marque le point final du sentier. Classé parmi les plus beaux villages de France, sa cathédrale haute perchée abrite l’un des cloitres les plus remarquables des Pyrénées.




Pour les édiles haut-garonnais, le lancement de la Via Garona « s’inscrit plus largement dans un plan de soutien à l’économie touristique, qui maintient des emplois non délocalisables et produit de la cohérence territoriale ». Ils ambitionnent de faire de la Haute-Garonne une destination « phare » de l’itinérance douce. Les années 2020/2021 verront l’achèvement de la « Trans Garonna » une sorte de Via Garona pour cyclistes ! et parachèveront cet ambitieux projet de relier entièrement Toulouse à Velha (dans le Val d’Aran espagnol) aux sources de la Garonne. « Née comme trois pommes dans les Pyrénées », pour citer à nouveau le barde des Minimes…


Quand on connait l’engouement pour la marche en général et le chemin de Compostelle en particulier, mystique pour certains et devenu mythique pour tous ! On peut légitimement parier que ce nouveau sentier a de beaux jours devant lui ! A sa manière, Via Garona écrit la nouvelle page d’un roman fleuve qui s’écoule dans les méandres de l’histoire…


 

Informations pratiques : La Via Garona à travers la Haute Garonne topo guide GR 861. 7 à 10 jours d’itinérance avec la liste complète des hébergements. Pas de difficultés particulières pour ce sentier tous publics (familles comprises).


Connexions : La Via Garona constitue un chemin de liaison avec : – la « Voie d’Arles » ( G.R 653) itinéraire de grande randonnée qui traverse l’Occitanie d’est en ouest – « La voie royale » ( G.R 78) depuis le Puy en Velay – le G.R 78 qui longe le Piémont pyrénéen depuis Carcassonne


Accès à la Via Garona en train : Les T.E.R. (trains express régionaux) ont la bonne idée de s’arrêter au départ de Toulouse en direction de Tarbes dans les gares suivantes : Muret, Noé, Carbonne, Cazeres, Martres Tolosane, Bouses, Saint Martory, Labarthe, Saint Gaudens et Montréjeau.


 
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