Librairie Leilo e Irmaõ : Les touristes du livre
Un peu d'histoire :
Le 13 janvier 1906, toutes les figures illustres de la culture portugaise se pressent pour assister à la cérémonie d’ouverture de ce qui est vite apparu comme un monument national.
Tout juste quatre vingt dix ans plus tard en 1996, le quotidien espagnol El Pais décerne à la librairie de Porto, sise au 144 rua das Carmelitas, le titre de plus belle librairie du monde. Une première place difficilement contestable lorsque que l’on découvre ce petit bijou du XIX siècle classé aujourd’hui au patrimoine mondial de l’Unesco.
Initialement il s’agit de la plus prestigieuse maison d’édition du Portugal construite en 1881 par l’architecte Xavier Esteves dans un mélange de style art nouveau et gothique. L’intérieur du bâtiment est constitués de bibliothèques en bois ouvragé, que complète une verrière zénithale apportant ainsi la lumière filtrée par de magnifiques vitraux. Ceux ci laissent entrevoir la devise de Lello e Irmão : « Decus in labore », signifiant « honneur dans le travail ».
En son centre, le bâtiment abrite un escalier tournant aux courbes savantes qui déroule avec hardiesse ses paliers et volées aux emmanchements curvilignes. Il constitue sans aucun doute l’élément architectural le plus remarquable de l’édifice.
Toujours détenu par la famille Lello, qui a abandonné l’activité éditoriale, l’édifice a été restructuré et modernisé le tout sans en altérer la construction d’origine. Un lieu étonnement singulier dont les réalisateurs de la saga Harry Potter auraient pu s’inspirer tant l’ambiance paraît étrange.
Attraction touristique ou attraction littéraire ?
Cependant, vite devenue une attraction touristique majeure, la librairie semble victime de son succès. Ce que déplore le gérant qui voit affluer plus de touristes avides de curiosité que d’amoureux de la littérature. Ce dernier essayant tant bien que mal de recentrer le lieu sur sa fonction initiale, à vocation culturelle.
La librairie abrite même une galerie d’art ou joailliers, peintres et autres sculpteurs viennent exposer leurs oeuvres. Même le spectacle vivant (théâtre, poésie, concerts de fado) trouve sa place dans cet endroit hors du commun.
Pour le responsable du lieu, une librairie c’est un peu comme un champ, il y pousse ce qui a été semé :
« Et Lello e Irmão ne porte pas seulement en elle les germes d’une beauté architecturale ou ornementale mais également les graines fécondes de la littérature de la culture, de l’histoire, de la philosophie ».
Les visiteurs pressés ne réalisent pas combien de trésors à portée de main se cachent sur les rayons tels que le fond de livres anciens auquel l'accès facilité est quasiment impensable chez nous !
Mais si quelques visiteurs se prélassent dans la petit coin café, l’affluence des touristes n’impacte pas réellement l’économie de la librairie. C’est plutôt les commerces alentours qui profitent de la manne financière générée. On entrevoit là les limites d’une certaine forme de tourisme sans discernement...
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