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  • Didier Vors

Sète : des joutes et des hommes

Quand en l’an de grâce 1666, retentirent pour la 1ère fois le son des hautbois et autres tambours marquant ainsi en musique l’avènement du port de Sète, nul ne se doutait alors que naissaient les prémices d’une fête qui allait traverser les siècles. Sorte de transposition des tournois chevaleresques en vogue à l’époque. Les joutes nautiques virent ainsi le jour et ne devaient plus quitter le port languedocien.



A leurs débuts, les joutes opposaient les hommes mariés vêtus de rouge aux célibataires vêtus de bleu. Si la distinction entre hommes mariés et célibataires n’est plus de mise aujourd’hui les deux couleurs perdurent et servent toujours à distinguer les différentes équipes, alors que le public est invité à se parer de blanc.

Ouverte par le traditionnel tournoi du quartier de la Pointe Courte en juin, la saison connait son apogée lors des fameuses fêtes de la Saint Louis le 25 août avec pour cadre le bien nommé Canal royal.


Elles commencent immuablement par un défilé des participants représentant les différentes sociétés de joutes du bassin de Thau et des alentours. Puis vient la compétition elle-même où chaque combat est toujours précédé d’une passe d’honneur durant laquelle  les protagonistes se saluent et semblent déjà se défier. Juché à deux mètres au dessus de l’eau sur la « tintaine », une sorte de petit plancher de bois le joueur rouge lance dans une main et pavois dans l’autre se prépare à combattre le joueur bleu. Au signal de départ, chaque barque propulsée par dix rameurs vogue vers l’adversaire pour un choc frontal toujours très spectaculaire. Le jouteur ayant fait chuter son adversaire qui se retrouve dans l’eau est bien entendu déclaré vainqueur de la passe.




Qui connait David Aprile et Silvio Cucinello ? Leur notoriété n’a beau être que locale, elle n’en demeure pas moins immense. En remportant conjointement (fait assez rare) le Tournoi de joutes de l’année 2016, ils portent le titre tant convoité de rois de la Saint Louis et  nscrivent ainsi pour la postérité leurs noms à la longue liste des vainqueurs (que l’on peut retrouver dans la salle des joutes du musée Paul Valéry).


Si au terme de la grande finale résonnent les très explicites échos de la chanson languedocienne « tchagrin, tchagrin fai ta malle », l’honneur de la ville est sauf, c’est un sétois qui est consacré. Ce qui n’était pas le cas de la dernière édition puisque les vainqueurs étant respectivement de Palavas et Frontignan. Une déception vite surmontée qui n’empêchera la ville d’être rapidement gagnée par la liesse populaire, célébrant la plus ancienne tradition festive d’autant plus facilement que ici à Sète, la Saint Louis est jour férié !


Fortement ancrée dans un territoire, inscrite dans une histoire qui se transmet de génération en génération, à Sète la pratique des joutes n’est pas prête de tomber à l’eau !


 
 

Quelques éléments de vocabulaire liés aux joutes :


Tintaine : plancher qui doit être à environ 2m au dessus de l’eau. C’est l’endroit où est placé le jouteur. Celui-ci dispose sur son plancher de cale-pieds qui lui permettent de s’arc-bouter pour résister au choc de la lance de son adversaire.


Lances : leur longueur est de 2,80 m. Les lances sont tenues en main par les jouteurs. A l’extrémité des lances se trouve un trident d’acier qui leur permet de se ficher dans le pavois de l’adversaire.


Pavois : bouclier de bois qui protège la poitrine des jouteurs des coups de lance.


Hautbois : instrument de musique à vent de la famille des bois. Souvent accompagné de son tambour, il est l’instrument des musiques traditionnelles du bas Languedoc.

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