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  • Didier Vors

2ème étape : À bord du Glacier Express

Il s’appelle « Glacier Express », mais il ne tire nullement sa notoriété d’une quelconque vitesse. Ce serait même plutôt l’inverse ! Celui auquel on adjoint à juste titre le complément « d’Express le plus lent du monde » prend en effet son temps pour relier les célèbres stations de Zermatt et Davos en... 8 heures. Il faut en effet une bonne journée pour effectuer les quelque 290 kilomètres du parcours, jalonnés de 91 tunnels et 291 ponts.



Cette ligne condense à elle seule le génie et le savoir faire des ingénieurs helvètes qui ont durablement marqué l’histoire des chemins de fer par leur inventivité et les savoirs faire mis en œuvre. Monter à bord du Glacier Express, c’est s’offrir un spectacle permanent, où l’on ne s’ennuie pas un seul instant. En particulier, pour les chanceux qui auront choisi de voyager dans les voitures panoramiques, dont les vitres montent jusqu’au toit.


Impossible d’évoquer tous les attraits de ce trajet, qui conduit les passagers du Haut Valais au canton des Grisons ou en d’autres termes, du massif du Cervin à la région de L’Engadine. Mais que l’on se rassure, un commentaire en français, bref et bien construit, permet d’identifier les principaux centres d’intérêt.


Naissance du Glacier Express

Il est bien-sûr tout à fait loisible d’effectuer des arrêts en cours de route, cependant chaque trajet devra faire l’objet d’une réservation, même pour de courtes distances. La ligne du Glacier Express, considérée comme l’un des fleurons du tourisme ferroviaire suisse, voit le jour en 1930 par la jonction d’une partie des réseaux du Matterhorn / Gotthard Bahn avec celle des chemins de fer réthiques.

De Zermatt, la gare de départ, le train amorce une surprenante descente ininterrompue jusqu’à la vallée du Rhône. Apparaissent alors les premiers vignobles en terrasses dont le réputé et bien nommé « Vin des Glaciers », produit dans le village de Visperterminen à 1340 mètres d’altitude, une hauteur qui défie les lois de la nature !




L’arrivée en gare de Visp marque la fin provisoire du parcours à crémaillère, et le train emprunte alors la célèbre ligne du Simplon jusqu’à Brig. Capitale du haut Valais germanophone, à la croisée des grands cols alpins (Furka Simplon, Grimsel) la ville mérite assurément une visite.




Dès lors, c’est le Rhône (Rotten en allemand) que nous suivrons pour quelque temps. Après avoir admiré Naters et ses splendides chalets en bois, se dresse devant nous le glacier le plus long d’Europe avec ses 23 kilomètres, classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Passé un premier tunnel hélicoïdal, le convoi pénètre dans l’énigmatique vallée de Conches, peuplée depuis le XIIIème siècle par les Walsers, peuple venu d’Allemagne. Une contrée un peu à l’écart, refermée sur elle-même, où les traditions, la langue et la culture demeurent très vivaces.


Après Ernen, considéré comme le plus beau village du Valais, Muster et son sanctuaire, le train disparait sous le tunnel de la Furka, un ouvrage vital pour la région, qui assure le seul lien permanent en toutes saisons, avec la Suisse centrale. Continuant sa progression, il retrouve le système de propulsion à crémaillère à Andermat et entame un parcours des plus sinueux qui l’amène au point culminant du trajet, soit à 2 033 mètres au Col de l’Oberalp. Très prisé des randonneurs, ce dernier constitue un excellent point de départ pour de belles excursions, notamment au lac de Toma, source du Rhin.




Bienvenue dans les Grisons

Notre convoi évolue désormais dans le canton des Grisons, le plus étendu de Suisse puisqu’il recouvre un cinquième de son territoire, et où l’on parle le romanche, la quatrième langue nationale de Suisse. À Disentis (Muster en romanche), la visite de l’Abbaye bénédictine s’impose. Ici, les chemins de fer réthiques (Rhätische Bahn en allemand) prennent la suite de ceux de la Matterhorn/Gotthard Bahn.




Plus loin, Trun, considéré comme le berceau historique du canton, abrite la chapelle Sainte-Anne, où se réunirent pour la première fois les ligues grises (Graubunden), qui donnèrent leur nom aux Grisons. Une fois rendu à Ilanz, c’est désormais le Rhin qui accompagne le Glacier Express dans sa course. Dès la sortie du bourg, il s’engage dans le plus long canyon de Suisse jusqu’à la localité de Reichenau, où le Rhin inférieur et le Rhin supérieur se réunissent pour ne faire plus qu’un. Plaque tournante du trafic ferroviaire, c’est de cette dernière que partent les différentes ramifications de la ligne pour Coire (Chur) et Davos, à partir de laquelle on peut monter dans le train de la Bernina (qui sera le sujet de notre prochain reportage sur les trains suisses de montagne). Après avoir longuement serpenté sur les bords du Domlesch, constellé de maisons féodales et de fortifications, le train rejoint la vallée de l’Albula.



A Filisur, vieux village typiquement engadinois, aux maisons décorées de sgrafittes : possibilité de changement pour la ligne du Heidi Express, un autre train typique. Entre cette dernière localité et Preda, distante d’une douzaine de kilomètres, l’important dénivelé de 700 mètres représenta un immense défi pour les ingénieurs de l’époque (nous sommes à la fin du XIXe siècle). Il le résolurent de la plus belle des manières, en imaginant ce que les spécialistes considèrent comme la plus grande et la plus spectaculaire réalisation ferroviaire au monde, avec sa succession de tunnels hélicoïdaux, de viaducs et de galeries.


À peine le temps de se remettre de ses émotions, et déjà le train s’engage dans le tunnel de l’Albula qui détient le titre de plus haut tunnel ferroviaire d’Europe. Encore un record à mettre au crédit de cette ligne de chemin de fer, qui décidément n’en manque pas ! Après avoir gagné Samedan, plaque tournante des chemins de fer réthiques, berceau de la culture engadinoise, le train arrive à Saint Moritz, terme de ce mémorable périple.


On l’aura compris : tout amateur de voyages en train qui se respecte, se doit, en plus du train de la Bernina, d’effectuer ce voyage qu’il ne sera pas près d’oublier de sitôt. Impossible de rester indifférent face à tant de paysages grandioses et sans cesse changeants. Parcourir la Confédération helvétique d’Est en Ouest, à bord du Glacier Express, c’est aussi l’opportunité de recevoir une belle leçon de géographie physique à ciel ouvert…



 

Le voyage à bord du Glacier Express peut donner lieu à de belles histoires … d’amour, telle que celle écrite par Amélie Plume « Les fiancés du Glacier Express » Editions Zoé  http://www.editionszoe.ch/


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