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  • Didier Vors

Turin, le réveil de la belle endormie

On l’appelait il y a quelques années encore « la belle endormie ». Si Turin a longtemps souffert dans notre pays d’un déficit d’image, il semblerait que ce long sommeil lui ait été des plus bénéfiques car cette ville bouge, change, innove et se transforme.



Chi non viene a Torino si perde l’Italia ! Devise de la ville de Turin

On l’appelait il y a quelques années encore « la belle endormie ». Il semblerait que ce long sommeil lui ait été des plus bénéfiques car cette ville bouge, change, innove et se transforme. Bien-sûr, le principal déclic s’est produit lors du choix de Turin en qualité de ville organisatrice des Jeux Olympiques d’hiver en 2006. Ce qui a eu pour effet de métamorphoser la cité avec entre autres le réaménagement de la gare centrale de Porta Nuova et la construction de la permière ligne de métro.

Depuis quelques années Turin a pris conscience de ses atouts. Elle entend se définir comme une destination touristique à part entière et se donne les moyens de ses ambitions. Il semble révolu le temps où l’Office du tourisme ne disposait que de quelques brochures et où les conditions d’accueil du public laissaient à désirer. Turin a longtemps souffert dans notre pays d’un déficit d’image. Il suffisait d’interroger les Français pour d’entendre brutalement répondre : Turin ? mais ce n’est pas l’Italie ! C’est faire grave injure à l’histoire de ce pays et à la ville qui a célébré les 150 ans de l’Unité italienne. Et oui, voilà un pan de l’histoire de notre sœur latine méconnu chez nous : Turin a été la capitale de l’Etat italien naissant. La ville était alors au sommet de sa gloire.


Chi non viene a Torino si perde l’Italia ! C’est la slogan très explicite – et facilement compréhensible en français - retenu pour mettre en valeur le rôle spécifique de la ville dans la péninsule. Bien que située à la périphérie du pays sur un plan géographique, Turin occupe une place centrale tant sur le plan historique (comme évoqué plus haut) que sur le plan économique. Ignorer ou méconnaître la capitale subalpine, c’est occulter une part essentielle de l’Italie en particulier son héritage industriel. C’est précisément cette antinomie là, entre l’image de la cité laborieuse au lourd héritage industriel et la destination touristique, que les autorités en charge de la promotion touristique turinoise ont décidé de combattre. De quelle façon ? En répondant simplement à la question suivante : Comment valoriser l’excellence industrielle et transformer ce potentiel en de multiples attractions touristiques ? Ainsi est né « Made in Torino », fruit de la réflexion entre la Chambre de commerce de la ville et Torino e Provincia Turismo.


La création de Made in Torino

Alors de quoi s’agit il ? Un circuit à la découverte du savoir industriel et artisanal de la ville, à travers ce que Turin compte d’entreprises de renom. Initié en 2005 le projet n’a cessé de se développer et de s’élargir à d’autres secteurs d’activités.

Cela n’étonnera personne si les premiers à rejoindre le projet furent bien entendu le secteur automobile, représenté par l’emblématique FIAT et le design industriel. Suivirent le secteur aérospatial en 2006, l’agroalimentaire en 2008, puis l’univers du luxe véritable en 2009. En 2011, on recensait 24 entreprises, tous secteurs confondus, adhérentes au réseau.

Fer de lance du tourisme industriel en Italie, la province et la cité de Turin entendent conforter et affirmer la place prépondérante qui est la leur. Celle-ci ne peut donc qu’être consolidée par le choix de Turin en qualité de ville organisatrice du 3ème Congrès du Tourisme industriel. Un signe fort envoyé aux promoteurs du projet qui lui confère une légitimité supplémentaire. Le dit congrès dont les thèmes principaux étaient : Comment intégrer la visite d’entreprise dans l’offre touristique locale et lancer des produits correspondants sur les marchés de référence ? Quelles retombées les entreprises locales peuvent elles attendre d’une telle initiative ? Les réponses varient bien-sûr selon les secteurs.

Pour les entreprises disposant de structures de distribution directe, telles que celles du secteur agroalimentaire, peuvent tabler sur un accroissement de leurs ventes de produit. Pour d’autres en revanche, comme par exemple celles du secteur aérospatial, c’est plutôt en terme de communication sur l’image que la réponse est à rechercher. Avec pour chacune d’elles la question de l’intégration de cette activité nouvelle dans la vie de l’entreprise, dont l’accueil du public.

Chaque entreprise doit organiser sa stratégie en fonction de ses propres spécificités. Etant entendu que l’on ne visite pas de la même façon une fabrique de confiserie, un laboratoire et un atelier de construction automobile, chacune ayant ses contraintes en matière de confidentialité, sécurité ou secret défense ! Actuellement les visites des entreprises turinoises sont plutôt assurées par des personnes du sérail généralement passionnées par leur travail et à l’enthousiasme communicatif…

Se pose alors la question de la formation de ces personnels à l’accueil de groupes de visiteurs. Cette fonction pouvant être aussi assurée par des médiateurs du type de ceux que l’on rencontre dans les musées, avec le risque que le projet perde un peu de son âme !



Bilan et perspectives

La première réussite, et non des moindres, est de faire travailler de concert deux mondes souvent éloignés les uns des autres, à savoir le secteur du tourisme et celui de l’entreprise. Cette expérience inédite chez nos voisins transalpins est, il va sans dire, suivie avec le plus grand intérêt par le monde de l’entreprise et le secteur du tourisme, dont d’autres régions ou provinces italiennes pourraient largement s’inspirer. On le voit clairement, l’enjeu dépasse les frontières locales et pourrait à l’instar des partenaires français et espagnol gagner l’ensemble du pays. Et si Turin dans son rôle d’aiguillon montrait une fois de plus la voie ? Affaire à suivre…

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