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  • Didier Vors

Yeu dans les yeux

En dépit de la crise du secteur due à l’interdiction des filets dérivants, Yeu demeure encore et toujours une île de pêcheurs contrairement à ses voisines. L’originalité du territoire aux différences si prononcées, tient en grande partie à sa situation géographique, ni tout à fait bretonne, ni tout à fait aquitaine mais plus sûrement, un amalgame des deux.



C’est après la Corse, l’île métropolitaine la plus éloignée du continent. Il faut en effet près d’une heure pour accoster à Port Joinville, la capitale de l’île d’Yeu. Même si Port Joinville a perdu sa place de premier port thonier de France, il reste spécialisé dans la pêche aux poissons dit nobles tels que la lotte, le merlu ou encore la seiche et le bar.


En dépit de la crise du secteur due à l’interdiction des filets dérivants, Yeu demeure encore et toujours une île de pêcheurs contrairement à ses voisines. L’originalité du territoire aux différences si prononcées, tient en grande partie à sa situation géographique, ni tout à fait bretonne, ni tout à fait aquitaine mais plus sûrement, un amalgame des deux.




Au Nord de Yeu, de la Pointe du But (son extrémité Ouest) à la Pointe des Corbeaux (son extrémité Est), face au continent, on trouve un paysage apaisé, tout en douceur, fait de criques à l’intense blondeur toute vendéenne.




Au Sud, par opposition, face au grand large, la côte sauvage granitique annonce déjà l’Armorique.



Compte tenu de sa taille et de ses activités, Yeu n’est pas une île sans voitures. Malgré des tarifs de passage élevés, nombre de visiteurs embarquent leur véhicule. Parmi les voitures circulant sur l’île, on remarque très vite la présence insolite de nombreuses « 4 L Renault » et « 2 CH Citroën » appartenant pour la plupart aux habitants. Loin d’être un phénomène isolé, Yeu semble être devenu une sorte de conservatoire de voitures des années 70 !


Mais le vrai patrimoine « ogien » se trouve ailleurs, dans une sorte de verticalité. Il suffit de déambuler nez au vent (il ne manque pas !) et les yeux en l’air pour découvrir ce qui fait le charme discret des lieux. Fierté légitime de ses habitants, les girouettes nous font tourner la tête. Au-delà de leur première fonction utilitaire quotidienne, de petite ou grande taille, sophistiquées ou allégoriques, elles racontent à leur manière l’histoire de l’île d’Yeu.



A l’instar de ses homologues de la côte Atlantique, la bicyclette constitue un bon  moyen de découverte du territoire. Bien que l’importance du réseau soit sans commune mesure avec celui de ses voisins rétais ou oléronais, Yeu semble résolue à rattraper son retard en la matière. L’autre façon consiste à arpenter le sentier du littoral d’une longueur totale de quarante kilomètres. Divisé en deux tronçons le sentier du Levant et le sentier du Ponant, il permet de réaliser un tour complet de l’île.




Longtemps isolées (au sens étymologique) avant de devenir des destinations touristiques de premier plan, les îles abritèrent longtemps des destins tragiques, conséquences d’une histoire nationale pour le moins tourmentée. Si Ré constitua l’antichambre des condamnés de droit commun et des prêtres réfractaires en partance pour le bagne de Cayenne et Aix, l’ultime refuge de Napoléon avant son départ pour Sainte Hélène, Yeu vit le maréchal Pétain, frappé d’indignité nationale, y finir ses jours en exil forcé à la Citadelle.




Mais laissons le mot de la fin à celui que se définit comme un marin à quai : Clément Bertrand, le chanteur ogien d’adoption. Tout est dit.


« Etre islais c’est y vivre à l’année : accepter les coups de tempête, l’isolement, le coût de la vie. Yeu n’est pas qu’un très joli caillou, c’est aussi la plus vivante des îles du Ponant. Nous sommes cinq mille à l’année et les bateaux passent été comme hiver ».
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