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Carnaval de Limoux : Une ferveur effervescente!

Carnaval de Limoux : Une ferveur effervescente!

La sarabande des bandes

Le carnaval de Limoux, c'est avant tout une affaire de bandes, elles en sont l'âme. Au nombre de 32, elles portent les noms les plus divers tels que : le Pont Vieux ou le Tivoli en référence à des quartiers de la ville, les Arcadiers évocation de la place centrale de la ville aves ses arcades. Elles peuvent être aussi genrées comme « les Femnas » ou porter des noms occitans comme les Estabosits, ou les Coudenos... Elles peuvent encore évoquer une forme d'antériorité : « les Anciens ».



Pas de carnaval sans musique. Ressemblant à des fanfares, les différentes formations accompagnent les circonvolutions des carnavaliers (« des masques » dit-on dans le jargon local). Composé de plus de 80 airs différents, le répertoire joué par des trompettes, clarinettes, contrebasse, et autres caisses claires, est d'une infinie richesse dans lequel puisent allègrement les musiciens afin de varier les plaisirs.



Mais pas question pour les carnavaliers et pour les badauds de « coincer la bulle » fut-ce même dans la "cité blanquetière" (l'autre dénomination de Limoux). Ici, faire carnaval c'est une activité à temps plein. De bulles il en est aussi question sur la Place de la République, épicentre du carnaval où les bandes viennent se désaltérer. Il fait chaud à Limoux, même en hiver. Mais pas question de faire « blanquette à part » le précieux breuvage emblématique de la ville se partage en toute convivialité.



Les sorties des bandes

Les bandes sortent à trois reprises dans la journée. Il y a tout d'abord la sortie de onze heures plutôt paillarde et grivoise, basée sur un thème qui fait l'actualité. Il était tout trouvé en cette période de réforme des retraites...


Vient ensuite en début d'après midi, la sortie des « Pierrots » caractérisée par le pas lourd et lent des danseurs qui évoluent au son des musiques traditionnelles. C'est la plus caractéristique des gestuelles du carnaval, avec le ballet incessant des « carabènes » qui évoluent au dessus des têtes des spectateurs. La carabène : roseau décoré et enrubanné, suffisamment flexible pour suivre fidèlement les évolutions de la mélodie, qui sert aussi, en tapotant la tête d’un badaud, de lui indiquer qu’on le connaît. Elle est l’accessoire primordial du Pierrot qui chine sans rechigner.



Enfin la longue journée se termine par la sortie du soir, la plus solenelle, à la lueur des « entorches ».


Faire partie d'une bande est un privilège qui se mérite. Il faut être coopté et recevoir l'assentiment de tous les membres présents pour espérer en faire partie, et parfois même patienter sur une liste d'attente. Mais la vie d'une bande ne s'arrête pas à la fin du carnaval. Elle lie l'ensemble de ses éléments dans une sorte de destin commun, et un esprit de confraternité.



Les temps forts du carnaval

Différents temps forts ponctuent ces longues festivités le plus long du monde. On peut ainsi assister ainsi le carnaval du monde où des troupes venues de partout, comme les équatoriens de Saihua danzas, les espagnols du ballet Ana Botella, ou les portugais de Ovar défilent un dimanche dans les rues de la ville souvent au son des batucadas avec leurs musiques si caractéristiques.



Le second événement, certainement parmi les plus attendus, est sans conteste la sortie des 32 bandes qui permet en un seul dimanche de voir tous les carnavaliers.


Les festivités se terminent le week end précédant la fête religieuse des Rameaux. Avant la nuit de la blanquette, ça chauffe pour Monsieur Carnaval qui doit ce jour là expier toutes ses fautes. Au cours d'une cérémonie expéditive, il est jugé sans appel en occitan et condamné à être brûlé sur la place publique.


Une fête authentique

À Limoux, Mardi-Gras ressemble à s'y méprendre à un jour férié, avec ses écoles fermées pour l'occasion. À en juger par le nombre d'enfants (plus de 600) participant à la journée qui leur est consacrée, la relève semble bel et bien assurée.


Ici le carnaval n'a rien d'une tradition réinventée ou d'une attraction pour touristes en mal de folklore. On nait et on est naturellement carnavalier de père en fils ou de mère en fille. Tout le monde a dans son entourage qui un frère qui une sœur, un cousin, un voisin ou un ami qui est ou a été un jour carnavalier.



Pourtant peu de gens sont masqués dans l'assistance. Comme si les déguisements et les costumes devaient rester l'apanage des bandes.

Il est 23 heures la musique s'est tue. La Place de la République est blanche comme neige la couleur des confettis, ultimes témoins de la fête du jour. Certains pourront déplorer le côté hermétique du carnaval, cette sorte « d'entre soi limouxin »... mais n'est-ce pas le prix à payer pour que cette fête reste ce qu'elle est depuis toujours ? Une formidable et authentique expression populaire avec ses rites, ses codes, et son folklore. Il faut parfois accepter de ne pas faire partie de l'aventure et de ne rester qu'un simple spectateur.

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