lʼart dʼescargoter
En tortillard au lac de Bled
Rejoindre un magnifique lac alpin niché, au cœur des Alpes Juliennes, en empruntant une ligne réputée pour offrir le plus beau parcours ferroviaire du pays dans un véritable tortillard, voilà le programme de ce nouveau périple en train.
Le voyage commence à la gare de Nova Gorica (le pendant slovène de Gorizia, en Italie) avec ses boiseries intérieures et ses guichets d’un autre temps.
Quand le convoi s’ébroue, tout n’est qu’étonnement et surprises dans ce court périple, au regard de nos standards hexagonaux. Nous montons dans un wagon entièrement tagué ou décoré selon son appréciation personnelle, sans aucune mention, ni de la compagnie nationale slovène « Slovenske železnice », ni de la destination finale. Il est vrai que vu la faiblesse du trafic dans la gare, le risque de se tromper de train est quasi nul.
A l’approche des gares, aucune mention par haut parleur de l’endroit où le train va marquer l’arrêt, il convient donc d’être vigilant. Les gares sont souvent de grands bâtiments qui paraissent aujourd’hui quelque peu disproportionnés, eu égard au nombre de trains en circulation le long du parcours. En revanche, quel bonheur de pouvoir passer la tête par la fenêtre ! Rien ne manque à l’approche des tunnels, pas même l’antique bruit de la sirène. Autre curiosité relevée le long du parcours : dans certaines gares, le train a droit à un double départ ! D’abord par le contrôleur, ensuite par le chef de gare impeccablement sanglé dans son costume vert au béret rouge.
Dans la première partie du trajet, le train emprunte le cours de la Soca, une splendide rivière à la couleur vert émeraude. Défilent alors sous nos yeux de magnifiques paysages alpins constellés de petits villages, abritant de remarquables églises aux toits caractéristiques dans un pays éminemment catholique.
L’arrivée en gare de Bled Jezero (lac de Bled) sonne la fin de notre voyage. Le train, quant à lui, poursuit son trajet jusqu’à Jesenice, à la frontière autrichienne. Situé en contrebas de la gare, le lac s’offre immédiatement à notre regard et l’on est instantanément saisi par la beauté du lieu. Dommage que la vue d’ensemble soit gâchée par un haut immeuble à l’extrémité du lac, une image un peu incongrue qui fait tâche dans le paysage. Bien sûr, comme toutes les destinations un peu courues, mieux vaut, si vous souhaitez un peu de tranquillité, éviter la haute saison. Le printemps, avril en particulier peut s’avérer un bon choix. Avec son île (la seule de toute la Slovénie) d’où émergent le clocher de l’église et le château sous fond de cimes enneigées, le lieu a vraiment tout du décor de carte postale. Pour rejoindre ce petit bout de terre ne manquez pas l’incontournable traversée en « platna » une sorte de gondole maniée à deux rames. Cette brève incursion vous permettra d’admirer les eaux limpides et poissonneuses du lac de Bled, un véritable aquarium à ciel ouvert !
Située en limite du parc national du Triklav, la région invite immanquablement à la randonnée. On rencontre de nombreux départs de sentiers pédestres tout autour du lac.
Avec son cimetière monumental, son église Saint Martin de style néo gothique, richement décorée et sa forteresse médiévale haut perchée, le village de Bled mérite assurément une visite.
C’est le paradoxe de ce périple ferroviaire que de nous emmener dans une région éminemment touristique, très fréquentée par les slovènes eux-mêmes avec un train aux antipodes des trains touristiques. Il en possède pourtant certains attributs, si l’on considère la beauté des paysages parcourus et la singularité du parcours. Mais il reste un train normal, comme tant d’autres, une sorte de secret bien gardé et les choses sont beaucoup mieux ainsi.
Le coin du ferrovipathe : Pour rejoindre Nova Gorica : se rendre tout d’abord à la gare de Gorizia en Italie, située sur la ligne Venise-Trieste. Puis prendre une navette pour la gare slovène. Attention, il existe une autre gare qui dessert le lac : station de Lesce Bled, mais elle ne situe pas sur la même ligne.
Pour aller plus loin :