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Sète : À la Pointe Courte, sur la pointe des pieds...

Sète : À la Pointe Courte, sur la pointe des pieds...

Le port de la Pointe Courte
Le port de la Pointe Courte

Je me souviens encore de ma première visite à la Pointe courte, c’était il y a déjà longtemps avec mon cousin, Henri Ricard, ancien secrétaire général de la mairie de Sète et fin connaisseur de la ville. Je ne cesse d'y retourner depuis, à chaque séjour dans l'île singulière.

Mais cela reste toujours intimidant de rentrer dans ce quartier, avec cette impression de venir par effraction briser l'intimité du lieu. Bien sûr, on peut arriver à la Pointe Courte en voiture. On en trouve garées dans les « traverses », ces petites ruelles, même si leur vue reste surprenante dans ces lieux étriqués.

Mais c'est à pied qu'il faut arriver depuis la gare pour prendre la mesure du lieu. Ce rapide trajet où l'on traverse un pont et où l'on passe sous un autre. Dix minutes suffisent pour éprouver ce sentiment d'enclavement et d'isolement.


Un peu d'histoire


L’histoire de la Pointe Courte commence au milieu du 19ᵉ siècle, quand des travaux de remblaiement sont entrepris afin de permettre l’arrivée du chemin de fer. Rapidement, des pêcheurs prennent possession des lieux : ils s’installent sur cette bande de terre donnant directement sur l’étang, mais aussi toute proche du canal qui débouche sur la mer. Un petit port est creusé, des maisons sont construites, un nouveau quartier voit le jour. Et de nouveaux habitants : « les pointus » qui cultiveront vite leur différence. Sétois oui, mais surtout de la Pointe ! C'est l'aspect insolite du quartier qui dut marquer la jeune cinéaste Agnès Varda en 1954 quand elle tourna le film éponyme, annonciateur de la « Nouvelle Vague » un courant cinématographique novateur. Une traverse porte d'ailleurs son nom et une fresque lui rend hommage.


Traverse à la Pointe Courte
Traverse à la Pointe Courte

Pêcheurs et jouteurs


Les deux autres traverses font référence aux deux principales activités du quartier. La traverse des pêcheurs, clin d’œil aux embarcations qui flottent sur l'étang de Thau et ses cabanons aux assemblages improbables. (La mare aux canards comme l'appelait Le chanteur Georges Brassens). Ce petit port constitue la principale « attraction » un terme à manier avec les précautions d'usage dans un tel lieu... Mais l'âge d'or de la pêche à la Pointe Courte appartient au passé. Ils ne seraient plus qu'une dizaine de pêcheurs à l'heure actuelle.

Les autres traverses, celle des jouteurs et des rameurs (il faut bien des bras pour déplacer les bateaux !), portent aussi des noms relatifs à une activité nautique, si l'on peut dire, sont le symbole de toute une ville et au-delà de toute une région.


La pointe de la Pointe Courte...
La pointe de la Pointe Courte...

L'univers « des pointus»


La Pointe Courte incite à la flânerie, ce qui n'est pas pour déplaire à l'art d'escargoter.

Ce que résume parfaitement Jacky Villacèque ancien reporter au journal le Midi Libre, quand il écrit : « On ne traverse pas ces quelques arpents comme on remonte une rue de banlieue. Il y a ici quelque chose de plus épais dans l'atmosphère, quelque chose qui retient la marche, qui interdit la grande enjambée… »

Ici, on pratique un humour particulier, comme l'attestent les inscriptions et autres bons mots sur les façades des maisons.De drôles d'installations hétéroclites d'art naïf décorent aussi certaines cabanes de pêcheurs que ne renieraient pas les responsables du Miam de Sète (le musée des arts modestes) Bien sûr la perception et la vision du quartier varieront selon le moment de l'année. Je me rappelle avoir arpenté l’unique quai par grand vent au soleil couchant un jour de novembre. J'eus alors la délicieuse impression de me trouver dans un petit village de bord de mer, un bout de terre coupé du monde.


Les cabanes de la Pointe Courte
Les cabanes de la Pointe Courte

Loin de l'agitation de la ville, devenu malgré tout un spot touristique, l'endroit reste un lieu un peu hors du temps, teinté de marginalité. La Pointe Courte ou comment ajouter de la singularité à l'île singulière. Mais pour combien de temps encore ? Les cabanons de pêche cèdent la place à des résidences secondaires. L'esprit de quarter se délite, c'est toute la philosophie du lieu qui est en péril.


Le coin du ferrovipathe :

Accès à la gare de Sète par les trains régionaux d'Occitanie et certains TGV de la ligne Lyon-Toulouse.

Crédits photographiques :

Office du tourisme de Sète

https://www.chocoladdict.fr/2022/02/la-pointe-courte/

Pour aller plus loin:

https://www.facebook.com/pointecourte.amicaledesjouteurs/

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