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Tourisme mémoriel : voir pour comprendre

Tourisme mémoriel : voir pour comprendre


Parfois confondu avec le tourisme « noir » ou « macabre », le tourisme mémoriel, initialement l’affaire des passionnés d’histoire et des curieux relève aujourd’hui d’une véritable industrie. À l’aube du centenaire de la 1ère Guerre Mondiale, il est intéressant de se pencher sur les sources et les composantes de cette pratique touristique récente.




Une nouvelle forme de tourisme

Ce genre touristique souvent axé autour du patrimoine historique d’un lieu, ou encore d’événements à caractères exceptionnels ou dramatiques est en pleine expansion depuis plusieurs années. A l’origine réservée à un public averti, la pratique semble aujourd’hui se démocratiser de plus en plus, allant jusqu’à toucher des publics moins attendus.


Qu’il s’agisse d’une démarche individuelle ou collective, les apports de ce type de tourisme sont appréciables et surtout fondamentaux pour le devoir de mémoire. Nombreux sont alors les voyageurs en quête d’authentique, qui cherchent à leur tour à comprendre ou à revivre les plus grands moments de l’Histoire. Se dessine ainsi une nouvelle façon de vivre le voyage, plus tangible et plus émotionnelle moins récréative parfois mais tout aussi enrichissante.



Les sites Français les plus visités


Musée de l’Armée – Paris (1.4 million de visiteurs par an)

Situé dans l’hôtel des Invalides à Paris, il expose depuis 1905 des collections d’armes, d’armures ainsi que des modèles d’artillerie très anciens. Dans le département contemporain est retracée l’histoire de l’armée française et celle des grands conflits du 20e siècle.


Le mémorial de la Paix de Caen (400.000 visiteurs par an)

Après les plages du débarquement et le cimetière américain, le musée de la Paix est une étape clé dédié aux événements du 6 Juin 1944 et aux douze semaines de combat en Normandie.


L’ossuaire de Douaumont (environ 195.000 visiteurs par an)

Monument commémoratif inauguré en 1932 et dédié aux victimes de la Première Guerre mondiale où 130.000 soldats français reposent.




Le camp de concentration Natzwiller-Struthof (155.000 visiteurs par an)

Il est le seul camp de concentration sur le territoire français (situé en Alsace, à 50 km de Strasbourg.)


Le mémorial de Verdun (environ 105.000 visiteurs par an)

Créé en 1967nau cœur du champ de bataille de Verdun, il est l’un des principaux musées européens de la Grande Guerre. Le Mémorial présente une riche collection d’objets militaires, de précieux documents et des vidéos.



Des retombées économiques conséquentes

Acteurs de poids dans le secteur du tourisme en France, les lieux de commémoration, sites mémoriels et autres nécropoles sont à l’origine de retombées économiques de taille. En 2010, on parle d’ailleurs d’un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros.


S’ajoute à ce pactole des retombées supplémentaires dues à la fréquentation des hôtels, restaurants et lieux de tourisme aux alentours des grands sites d’Histoire. De plus, selon une enquête de l’agence du développement touristique de la France – Atout France, l’ensemble de ces sites touristiques dits de «mémoire» aurai générés quelques 1050 emplois à temps complet en 2010 et mobilisé 3000 personnes au total.


Ainsi, les conséquences économiques de cette forme de tourisme ne sont surtout pas à sous-estimer. Il semble d’ailleurs que l’état Français l’ai compris, avec l’extension et la rénovation du mémorial de Verdun. Un immense chantier soutenu par le Ministère de la Défense ainsi que par les Conseils généraux et régionaux afin d’accueillir plus de visiteurs et de devenir le premier lieu de rassemblement en souvenir de la 1ère Guerre mondiale.



Une expérience exceptionnelle


Le tourisme mémoriel relève avant tout d’une expérience humaine et intellectuelle exceptionnelle : qu’il s’inscrive dans une démarche personnelle, civique ou pédagogique ce rendez-vous est une opportunité de toucher l’Histoire du doigt pour souvent mieux la comprendre.


La ville de Berlin, encore très ancrée dans son histoire est un musée à elle seule et un séjour dans la capitale allemande est un réel rendez-vous avec l’Histoire. Les différences encore frappantes entre les parties Est et Ouest de la ville, les restes du Mur à l’East Side Gallery, les bunkers souterrains et le Mémorial de la Shoah sont tant d’éléments singuliers qui rappellent le passé de la ville. On ne peut ainsi visiter le Berlin moderne sans avoir alors ce sentiment si particulier de faire à son tour partie de l’Histoire.




A Auschwitz-Birkenau en Pologne, le devoir de mémoire prend lui tout son sens. Le camp de concentration et d’extermination polonais étant difficilement accessible pour un touriste lambda (situé à 1h30 de Cracovie) l’expérience est d’autant plus exceptionnelle lorsque l’on passe les mythiques portes « Arbeit macht frei » du camp. Se bousculerons alors des sentiments paradoxaux : la chance de vivre un tel moment, puis l’effroi et l’émotion de fouler les pavées de l’horreur. On repart alors d’un tel lieu comme chargé d’une mission: faire en sorte que l’histoire ne se répète pas.


Il faut parfois marcher dans les photos de nos livres d’Histoire pour faire en sorte que la nôtre soit meilleure.




Dérives et voyeurisme

L’élan récent pour le tourisme mémoriel a aussi révélé des pratiques parfois critiquables et la frontière entre voyeurisme et réel devoir de mémoire est souvent très mince. Soif de vérité historique ou curiosité malsaine, à chacun de juger par lui-même.


Quelques exemples qui flirtent avec la polémique :


Le Chernobyl tour : un circuit près de Pripyat en Ukraine, pour vivre grandeur nature le plus grand désastre écologique de l’Histoire.


L’ Hurricane Katrina Tour propose aux touristes la visite guidée des quartiers détruits après l’Ouragan de 2005.


Circuit Post-tsunami au Japon : circuit touristique sur la côte pacifique du Tohoku au Japon, dévastée par le tsunami de 2011.


Jack the Ripper Tour : À Londres, suivez les traces de Jack l’Éventreur et de ses malheureuses victimes dans le quartier d’East.

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