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Didier Vors

La Catalogne en train 2/7 Destination Portbou

Portbou et sa voisine Cerbère ne sont distantes que de quelques kilomètres de part et d’autre de la frontière franco espagnole. Celles-ci ne furent pendant longtemps que de modestes ports de pêche, mais leur destin bascula en 1870 par la volonté des deux pays riverains d’établir des relations ferroviaires. Ainsi la construction de deux immenses gares scella un futur commun. Cerbère ne serait rien sans Port-Bou et inversement !




Portbou. Une gare écartelée

Longtemps, Portbou resta une gare écartelée ! Comment, en effet, assumer correctement sa fonction de gare frontière à vocation internationale, quand l’écartement des voies diverge de celles de toute l’Europe – le réseau ferré français voisin compris.


En effet, craignant l’envahissement du pays par son turbulent voisin, devenu à nouveau conquérant, le gouvernement espagnol de l’époque choisit l’écartement large, tant restait encore vivant le souvenir de l’invasion napoléonienne. Cette décision lourde de conséquences, et amèrement regrettée par la suite, ruina durablement le développement du commerce international dans la région.



En 1960, l’arrivée du « Catalan Talgo » , du nom de l’ingénieur l’ayant conçu, fut une petite révolution dans le transport ferroviaire. Il permit une circulation ininterrompue entre les deux pays. En effet, avec cette invention : plus de problème entre l’écartement large dit « ibérique » et l’écartement normal.

Paradoxalement, cette même décennie vit l’amorce du déclin de l’activité voyageurs, pour les mêmes raisons qu’à Cerbère – les mêmes causes produisant les mêmes effets. C’est pour cette raison que la gare de Portbou donne l’impression d’être figée comme si le temps s’était arrêté. Presque une gare fantôme, immense bâtiment de plusieurs centaines de mètres de long, avec sa verrière, qui semble bien vide avec ses rares passagers errant sur des quais aussi vides. On se met à rêver à sa splendeur passée.


Une quinzaine de trains régionaux (Rodalies de Catalunya) quittent tout de même quotidiennement Portbou pour Barcelone (par Girona et Granollers), Figueres et l’Hospitalet.


Insensible à tous ces bouleversements, on peut voir encore un chef de gare dans son uniforme impeccable donner le départ des trains.



Portbou. La Catalanité

Les deux villes jumelles se distinguent tout de même sur le plan de l’affirmation de l’identité régionale. Au chapitre des différences, Portbou apparait plus « catalane » que Cerbère.


Dès l’arrivée à Port- Bou c’est l’immersion linguistique complète avec affichage municipal unilingue, plaques des rues, journaux en catalan... il n’y a qu’à tendre l’oreille pour vite se rendre compte que le catalan est aussi présent dans la rue !


Des « senyera » le nom du drapeau catalan couleur sang et or (l’un des plus ancien d’Europe) ornent certains balcons du centre- ville. On peut même apercevoir sa version indépendantiste (actualité oblige) : la bannière catalane, à laquelle on a ajouté l’étoile de Marie.


Plages et bonnes affaires

On y trouve quelques incontournables « supermercados » bien connus des étrangers – en particulier des français – des magasins qui permettent de s’adonner au tourisme d’achat. Ils constituent la principale motivation des voitures qui passent la frontière en quête de bonnes affaires. Mais ils paraissent bien modestes et guère ostentatoires, comparés à ceux de la Jonquera.


Calme et tranquille... loin, très loin des clichés d’une Costa brava hyper urbanisée, telle apparaît Portbou en cette journée ensoleillée d’hiver. On peut même, par le sentier côtier, quitter l’agitation toute relative du centre-ville pour gagner en l’espace de quelques minutes de petites criques avec leurs plages de cailloux, pour un vrai moment de félicité.



De Port Bou à Cerbère, terre d'Histoire

En dehors du train, il existe une autre façon de se rendre à Cerbère depuis Portbou : par les chemins de terre. Une courte randonnée en partie en corniche permet une vue d’ensemble sur les deux cités d’où se détachent leurs gares respectives. Le sentier emprunte le col des Balistres, haut lieu du tourisme mémoriel catalan. Ce que rappelle un monument en hommage aux dizaines de milliers de réfugiés républicains qui durent quitter leur pays dans le froid, un exode massif plus connu sous le nom de « Retirada ».



Avec, entre autres, son musée de l’exil de La Jonquera, la Généralitat (la région catalane) semble donner une importance toute particulière au devoir de mémoire. La Catalogne en général, et Portbou en particulier (qui fut bombardée à plusieurs reprises) ayant payé un lourd tribut durant la guerre fratricide qui opposa les armées républicaine et nationaliste. Malheur au vaincu !


 

Le coin du ferrovipathe :

Accès à Port-Bou : Ligne n°12 des Rodalies de Catalunya et train régional depuis Toulouse via Carcassonne, Narbonne et Perpignan

 

Pour aller plus loin:

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