
lʼart dʼescargoter

A la découverte du Canada en train : 2ᵉ partie, la vie à bord

« Le Canadien » : Quelle histoire !
Il s’appelle tout simplement « Le Canadien » et porte le N° 1 d’est en ouest (de Toronto à Vancouver) et N° 2 d’ouest en est de (Vancouver à Toronto) circule deux fois par semaine dans chaque sens. Ce classement reflète bien la place qu’il occupe dans le réseau ferré canadien. Il en exprime aussi toute la symbolique, quand l’on songe à la devise du Canada « A mari usque ad mare » (d’un océan à l’autre)
En effet, la construction du chemin de fer vers l’ouest constitue l’un des plus importants chapitres de l’histoire du Canada. Il a joué un rôle primordial dans l’unification de ce vaste pays. Il suffit de se rappeler qu’en 1871, la Colombie-Britannique n’accepta d’adhérer à l’Union qu’avec la promesse d’une liaison ferroviaire avec le reste du Canada, vite devenue une artère ferroviaire vitale.
Classé au patrimoine national, « le Canadien » est la deuxième plus longue ligne de chemin de fer au monde, après le Transsibérien. Le train est composé d’une quinzaine de voitures en inox, tractées par une locomotive diesel.
La plupart des wagons datent des années cinquante, construits pour le compte de la compagnie privée « Canadian Pacific » avant d’être rénovés 40 ans plus tard par l’actuelle compagnie ferroviaire nationale Via Rail. Ce qui donne l’aspect d’un train rutilant, le style art nouveau et les boiseries renforçant son côté rétro.
Attention au départ !
Trois classes sont proposées sur le parcours : la classe Prestige avec un logement dans de véritables suites tout confort et service de conciergerie personnalisée.

La classe voitures lits avec un logement en couchette ou en cabine pour une ou plusieurs personnes, composés de lits escamotables, toilette privée et meuble-lavabo.
Et enfin la classe économique avec des sièges assez spacieux pour se réveiller sans courbatures.

Ici, la notion d’horaires est toute relative. Il faut dire qu’en choisissant d’effectuer un voyage d’une telle longueur, avec une vitesse de croisière d’environ 60 km/h, la ponctualité compte peu ! La possible variation des horaires s’explique par le fait que les trains circulent sur une voie unique et que la priorité est toujours donnée aux trains de fret : le train peut parfois marquer de longues pauses avant de reprendre sa conquête des grands espaces. (Aujourd'hui, près de 70 pour cent du trafic marchandises inter-villes de surface et la moitié des exportations canadiennes sont acheminés par le rail).
Si l’on choisit d’entreprendre son périple ferroviaire d’est en ouest, le voyage commence à «Union Station » la gare principale de Toronto bâtie dans le style « art nouveau »Tout comme dans un voyage en avion, les passagers se délestent de leurs plus gros bagages, qui une fois enregistrés, partent sur des tapis, tandis que les voyageurs patientent dans des salons spécifiques, selon leur classe avant l’embarquement.

La croisière s’amuse…
À bord du train, les voyageurs sont majoritairement anglophones (mais pas seulement canadiens) L’anglais est donc la principale langue utilisée à bord. Cela s'explique aussi par le fait que le pays est majoritairement anglophone ,et que nous voyageons au « Canada anglais ». Même s'il existe des minorités francophones plus ou moins importantes en fonction des provinces.
Mais toutes les annonces importantes se font aussi en français, y compris les annonces culturelles des lieux traversés et le personnel est pour la plupart bilingue.
Les occupations, aussi diverses que variées, ne manquent pas dans cet hôtel nomade. La principale consiste bien sûr à admirer les paysages qui défilent sous les yeux souvent émerveillés des passagers. Les larges baies vitrées des compartiments offrent d’excellentes vues. Il est aussi possible de prendre un peu de hauteur et de rejoindre les wagons panoramiques appelés « sky lines »

Le déroulement d’un tel périple suppose une organisation millimétrée, et les passagers sont priés de respecter les horaires, notamment des trois repas servis à bord ;pendant que les voyageurs vaquent à leurs différentes activités, le personnel hôtelier s’active pour transformer les compartiments et leurs banquettes en couchettes, dans une sorte « d'espace nuit ».

Dans l’esprit de « La Croisière s'amuse » les wagons spécifiquement dédiés aux loisirs proposent tout un ensemble d’activités, qui jalonnent les journées, telles que : les fameux quiz ( questionnaires de connaissances) les bingos (notre loto !) des projections de documentaires sur les régions traversées, des films de fiction, des séances de yoga et des dégustations diverses vins, bières, etc.
Place à la convivialité

Sur l’une des tables, un puzzle participatif, invite même les amateurs à contribuer à la réalisation de cette œuvre collective
Ce même espace de convivialité, qui en plus des réjouissances du jour,indique les heures de lever et de coucher de soleil (pour les amateurs de belles photos)ainsi que les différents changements de fuseaux horaires, ce qui n’est pas sans importance. Il n’est pas rare aussi d’y croiser des passagers qui écrivent leur journal de bord, tant cette expérience de voyage est singulière, ce qui participe à la rendre inoubliable !
Parfois, on s’endort avec les lumières de la ville comme à Edmonton, et l’on se réveille au petit matin avec le majestueux décor des Rocheuses Canadiennes.
Et l’on se demande à regret quelles vues exceptionnelles, quels paysages grandioses, on a raté pendant notre sommeil, avec toutes ces nuits bercées par le train. On peut être aussi tiré de sa rêverie par la sonnerie actionnée régulièrement par le conducteur du train et qui ressemble à s’y méprendre à celle d’un bateau.

Si ce type de voyage intérieur favorise l’introspection, il revêt aussi un caractère de voyage en intérieur et l’on ne compte plus les pas effectués dans les couloirs, à arpenter les différents wagons, pour se rendre d’un point à un autre.
La longueur du trajet, le temps passé dans le train, créent une sorte de proximité entre les voyageurs le temps d’un repas, ou d’activités communes, où peuvent naître parfois des amitiés éphémères !
En guise de conclusion...
Pérégriner avec le Canadien s’avère une expérience paysagère, ferroviaire et humaine inoubliable, dans un espace-temps, propice à la contemplation et à la reconnexion, que ne vient jamais perturber un élément extérieur. Un voyage jamais ennuyeux, y compris dans la région des Prairies, la partie prétendument la plus monotone du parcours.
Voilà bien un périple buissonnier au cœur de la ligne éditoriale de l’Art d’Escargoter quand l’on songe qu’il ne faut que trois heures pour rejoindre Vancouver depuis Toronto, mais… en avion !
Au terme de cette extravagante aventure se pose cette question qui hantera quelque temps nos pensées :Comment se sentir canadien dans un pays aussi vaste ? Quel sentiment d’appartenance à une seule et même nation ?
Crédits photographiques :
Pour aller plus loin :
https://www.viarail.ca/fr/decouvrez-nos-destinations/trains/ouest-canadien
https://www.destinationcanada.com/fr-ca
Note de la rédaction :
Cet article fait partie intégrante d’un numéro spécial consacré au Canada
Déjà parus :
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/ecouter-placoter-au-village-historique-acadien
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/petits-bonheurs-a-lile-dorleans
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/qu%C3%A9bec-quand-le-saint-laurent-devient-maritime
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/peninsule-acadienne-cap-alest-toutes
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/vancouver-une-ville-a-la-mer
https://www.lartdescargoter.fr/reportages/a-la-decouverte-de-louest-canadien-en-train